A la découverte du Relais du Champ-de-Bataille

Voyage/Hôtel Lieu d'exception

A la découverte du Relais du Champ-de-Bataille

"Vivre la vie de château", voilà un rêve pour beaucoup d'entre-nous mais ne devient pas châtelain qui veut. Néanmoins, Apollo Magazine a peut-être quelque chose à vous proposer et qui pourrait bien vous combler.

Vous avez toujours voué une admiration pour l’Ancien Régime, vous êtes un peu « Royaliste » à vos heures perdues et enfin pour vous, Versailles et son Roi Soleil représentent la plus belle période de l’histoire française alors nous sommes à peu près sûrs que vous serez éblouis par le Château du Champ-de-bataille. Chef d’œuvre d’architecture du 17è siècle, Champ-de-Bataille est un fleuron de la France et c’est au frondeur Alexandre de Créqui que l’on doit sa création.

Après plusieurs mois de combats, et l’écrasement de la révolte des frondeurs par Mazarin, le comte de Créqui échappe à la mort et se voit condamné à l’exil sur ses terres. S’il n’a pas d’autre choix que d’accepter son sort, il décide alors de se faire construire un palais qui lui rappellerait les fastes de la cour et qui lui permettrait de démontrer sa puissance. Ainsi naquît le château du Champ-de-Bataille !

Il fait alors appel au plus grand architecte du 17ème siècle, le célèbre Louis Le Vau à qui l’on doit le magnifique château de Vaux-le-Vicomte.

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S’offrir une nuit au Relais du Champ-de-Bataille est une vraie expérience et ne ressemble à aucune autre en France ! En effet, à notre approche du lieu, quel ne fut pas notre bonheur de découvrir au loin le Château et de savoir que nous allions y passer la soirée. Après s’être trompés de porte d’entrée, nous nous retrouvons dans la cour du Château pour notre plus grand plaisir. Néanmoins, on nous demande rapidement de rebrousser chemin et par la bonne porte, nous pénétrons dans une petite cour carrée. Dans celle-ci, nous déposons notre véhicule et allons récupérer notre clé de chambre…nous avons choisi la « Antoine de Saint-Exupéry ». Nous ne sommes ni des grands fans d’aviation ou encore du « Petit Prince » mais nous avons aimé ce qu’elle dégageait en regardant des photos sur le site du Relais.

Ainsi, nous voilà dans le Relais, parfaitement décoré, et nous sommes littéralement émerveillés par le lieu et par l’atmosphère qui s’en dégage. Après une visite du rez-de-chaussée ainsi que de la bibliothèque, nous grimpons les marches 4 à 4 avec excitation. Deux tours de clé suffisent pour ouvrir la chambre « Saint-Exupéry » et nous voilà plongés dans une ambiance indescriptible. Entre le violet/pourpre comme couleur dominante, une tête de lit en velours rouge, des dessins de Saint-Exupéry au mur, des tapisseries dignes d’une tente style Empire, une table d’écrivain ou encore des plateaux en or sortis du livre « Des mille et une nuits », nous sommes comblés.

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Après avoir pris une douche dans notre salle de bain comprenant une baignoire d’époque, nous décidons de nous coucher et là, surprise, une télévision sortant d’un coffre. Tout est extrêmement bien pensé et moderne malgré un décor d’époque. Avant de rejoindre Morphée, nous décidons de nous offrir une collation dans notre lit et empruntons un magnifique plateau que nous garnissons d’une salade de fruits accompagnée d’un morceau de chocolat et d’une bouteille d’eau minérale gentiment disposée à notre arrivée dans la chambre.

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Mais notre expérience au Château du Champ-de-Bataille était loin d’être finie suite à notre agréable nuit. En effet, notre meilleur moment fut incontestablement le petit-déjeuner. Comme prévu, un sac au nom de notre chambre rempli de victuailles nous attendait dans la salle à manger du Relais. Dans celui-ci une baguette fraîche, des croissants et pains au chocolat, 2 jus d’orange ainsi que du beurre et de la confiture. Pour la boisson chaude, nous avions accès à une « kitchenette » qui nous permettait de nous préparer du thé ou du café. Nous avons choisi des thés Earl Grey de la marque « Dammann Frères » et avons pris place l’un en face de l’autre avec vue sur la cour du Château du Champ-de-Bataille.

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Suite à ce moment délicieux, nous avons décidé de bouquiner dans la pièce faisant office de bibliothèque. Agréablement installés dans ce lieu sentant bon l’Histoire de France, nous n’avons pas vu le temps passer et avons dû quitter le Relais du Champ-de-Bataille à la hâte. Ce séjour de quelques heures fut une expérience mémorable et nous vous conseillons vivement de venir passer une nuit dans ce lieu hors du temps !

Afin de clôturer cet article, nous avons posé quelques questions au maître des lieux, Jacques Garcia et sommes persuadés que ses réponses finiront pas vous convaincre que le Relais du Champ-de-Bataille est unique en son genre.

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– Comment avez-vous découvert le domaine du Champ-de-Bataille ?

Jacques Garcia : Je connaissais le Champ de Bataille depuis toujours pour l’avoir visité à maintes reprises. Enfant mon père qui était passionné d’histoire et de littérature m’a amené dans les châteaux nouvellement ouverts grâce à la loi Malraux. Une découverte extraordinaire qui permettait d’entrer dans un monde inaccessible au public commun. Je me suis senti immédiatement projeté dans ce monde, pour en faire le mien. Ce fut mon premier contact avec Champ-de-Bataille. En parallèle, je me suis intéressé très tôt à ce moment de l’Histoire de France qui a vu disparaitre lors de la Révolution Française les biens patrimoniaux de la famille royale ou des grands possédants de l’époque. Devenu collectionneurs de ces meubles et objets de grande provenance, je recherchais donc un lieu avec une architecture en bon état qui me permettrait de présenter cette collection. Il s’agissait également de redonner vie aux décors des XVIIe et XVIIIe siècles, de leur rendre l’âme et la grâce qu’ils avaient perdus. Champ-de-Bataille s’est imposé à moi. Peut-être la force du destin.

– Quelles ont été les principales étapes de rénovation d’un tel lieu ?

J.G : Quand la vente de Champ-de-Bataille s’est présentée, l’état de délabrement des intérieurs, suite à un abandon au 19è siècle et à sa transformation en hôpital au début du 20è siècle, restait préoccupant. La grandeur avait disparue. Compte tenu de tout cela, je ne souhaitais pas visiter les intérieurs afin de ne pas être découragé dans ma volonté d’acquisition. À Champ-de-Bataille, j’ai été porté par l’endroit, par le chef-d’œuvre architectural. Je me suis jeté dans cette histoire comme on se précipite dans une histoire d’amour. C’est à cause de ce chantier fou que je suis ce que je suis aujourd’hui.

J’ai fait un choix d’autorité, je ne voulais pas y faire entrer l’art moderne. Pour moi la sensualité s’arrête à l’Ancien Régime. Pour être concret, à l’intérieur l’esprit existait à travers 3 pièces magnifiques : l’escalier, la grande salle à manger et le salon de compagnie dont les éléments fondamentaux existaient malgré un avilissement dû au naufrage du temps. J’entrepris une restauration scrupuleuse « monuments historiques », avec recherche des peintures originales, restauration des corniches et des parquets. Pour le reste de la maison, le « la » était donné. Je possédais des boiseries historiques provenant des grandes résidences du 18ème siècle et des éléments décoratifs d’époque Louis XIV. Ce fût ma base pour rétablir le grand appartement de parade dans sa vision grand siècle avec le salon d’Apollon, le cabinet d’Aurore et Céphale et la chambre de parade, réalisant ainsi ce que fût la volonté du constructeur, le comte Alexandre de Créqui.

Pouvez-vous nous parler des jardins du domaine du Champ-de-Bataille ? De la création à l’entretien ?

J.G : Soyons clair dès le début : c’est le plus grand jardin privé d’Europe avec 45 hectares de jardin entretenu. Mais pour arriver à cela, ce fut 30 ans de travaux. Je possédais un dessin de la main de Le Nôtre pour Champ de Bataille qui représentait les dentelles de buis et les bosquets. Mon idée initiale était donc de redonner vie à ce jardin. La tempête qui s’en suivie un an après mon acquisition, en 1993, me poussa à voir plus grand, plus loin, et à éprouver ce que j’appelle le dépassement.

L’idée me vint alors de créer de grandes perspectives. Rejetant l’option d’une reconstitution anachronique d’un parc français à la mode du Grand Siècle, j’ai pris d’emblée le parti d’une œuvre contemporaine, puisant à la source antique. L’inspiration du moment dans les formes de toujours : tel a été le principe que j’ai adopté ici. La tempête de 1999 sera une nouvelle étape et tous ces événements m’ont appris la patience. Si l’on n’a pas cette vertu, la réussite est impossible. Ce fut des années de grand chantier : terrassement, plantations primaires, charmes, buis, ifs, tilleuls, création de 20 bassins et fontaines … Le temps de la fantaisie était venu.

Maintenir un jardin de cette qualité, avec ses ambiances différentes, ses folies au sens du 18ème siècle, c’est un travail de tous les instants bien entendu. Il est mené par notre chef jardinier et toute son équipe et c’est le nombre de nos visiteurs qui permettra de faire perdurer quelque chose qui serait sinon voué à disparaitre.

– Enfin, quelle est la promesse d’une nuit au sein d’une des chambres du Relais du Champ-de-Bataille ?

J.G : Dormir au champ de Bataille est en soi une expérience. La promesse d’une immersion onirique . La promesse de l’évasion. La promesse du temps retrouvé.

Article et interview : Paul Dieÿ

Crédit Photos : Lucie Brudy

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