Visiter un musée, se rendre à une exposition, apprécier et comprendre l'art sous toutes ses formes,...autant de choses qui peuvent faire peur à priori. Heureusement, les 10 commandements sont là pour vous aider et vous rassurer !
Les 10 commandements de « Signac collectionneur »
Paul Signac, maître du mouvement « Néo-impressionnisme », disciple de Georges Seurat, ami de Maximilien Luce et Henri-Edmond Cross mais surtout un collectionneur averti et engagé.
Dans « Signac collectionneur » , exposition temporaire qui a pris ses quartiers au Musée d’Orsay et de sa toute nouvelle salle d’exposition au niveau zéro, découvrez le regard et les partis pris d’un artiste particulièrement actif sur la scène artistique de son temps.
Au travers des 10 commandements que nous vous proposons, vous aurez envie de franchir la porte du Musée d’Orsay et de son nouvel espace !
1er commandement : MISE EN AVANT DE L’ARTISTE
Il est important de préciser que cette exposition n’est pas dédiée au peintre Signac. Celui-ci est introduit rapidement avec quelques toiles appartenant au Musée d’Orsay.
La sélection réalisée permet d’appréhender et d’apprécier le travail du peintre Signac avec la toile néo-impressionniste « Femmes au puits », réalisée très peu de temps après la mort de Georges Seurat ou encore « Route de Gennevilliers » où surgit l’influence de Claude Monet.
« Pourquoi se plaindre du manque de goût quand on ne fait rien pour éduquer l'œil ? »
Paul Signac
2ème commandement : CITATION
3ème commandement : A CONTEMPLER
La toile « Le Cirque » tient une place toute particulière dans sa collection d’oeuvres de Seurat. Celle-ci fait, non seulement, partie des 6 grands tableaux qu’il a peints mais la seule qui soit exposée en France. Nous devons à Signac qu’elle soit entrée dans les collections nationales et qu’elle ait rejoint les collections du Louvre, le collectionneur ayant imposé cette condition au moment de s’en séparer. Vision militante de Paul Signac pour le devenir des oeuvres dont il devait se séparer ?
« Le Cirque » est le troisième volet d’une série consacrée par Seurat aux attractions populaires de la ville moderne, aux spectacles nocturnes après « Parade » et « Chahut ».
4ème commandement : COUP DE COEUR
Si l’exposition « Signac collectionneur » n’est pas consacrée au peintre Signac, il n’en reste pas moins un modèle. Cette magnifique toile est signée Théo Van Rysselberghe, son grand ami belge, la peinture et la navigation ayant été les deux grandes passions que Signac partageait avec ses amis. Il a eu une trentaine de bateaux dans sa vie qu’il baptisait parfois du nom de tableaux d’artistes qu’il admirait, comme Olympia (une peinture d’Edouard Manet).
Alors que Signac défend le « Néo-impressionnisme » à Paris du côté du « Salon des Indépendants », Van Rysselberghe en fait de même à Bruxelles au « Salon des XX ». Cette très belle amitié est symbolisée par le portrait que le belge fait de celui qu’il appelle « old man » ou « mon vieux lapin » dans sa correspondance. Commencée par Théo sur le bateau de Paul au large de Saint-Tropez, celle-ci lui sera offerte à l’occasion d’un séjour à Bruxelles et conservée à vie par Signac.
Néanmoins, ce lien spécial entre les deux artistes se rompra en 1909 du fait de divergences esthétiques observées dès l’été 1898. D’après un témoignage familial, le différend esthétique entre les deux peintres était doublé d’une antipathie rancunière de Maria Van Rysselberghe, l’épouse de Théo, à l’encontre de Signac.
5ème commandement : ZOOM
Le zoom prend toute son importance avec ce tableau car les néo-impressionnistes accordaient beaucoup d’importance aux détails de la couleur. La composition de cette toile qui intègre avec précision une juxtaposition de couleurs pures afin de retranscrire des couleurs sourdes.
Il est important de préciser que les impressionnistes tentèrent de juxtaposer des couleurs pures, non mélangées, sur une toile blanche. L’idée des impressionnistes était que les couleurs voisines s’influenceraient l’une l’autre par contraste, se mélangeant sur la rétine de l’oeil plutôt que sur la palette, évitant ainsi l’assombrissement d’un mélange soustractif.
6ème commandement : LE MOT APPRIS
Nabi : Le mouvement nabi (dont les membres sont les nabis) est un mouvement artistique postimpressionniste d’avant-garde, né en marge de la peinture académique de la fin du 19ème siècle et du début du 20ème siècle.
Disciples de Paul Gauguin, en qui ils voyaient un messie, les Nabis sont d’abord de jeunes peintres symbolistes passionnés d’ésotérisme et de spiritualité. Ce club des cinq, formé en 1888 à l’Académie Julian à Paris, se compose principalement de Paul Sérusier, Maurice Denis, Pierre Bonnard, Ker-Xavier Roussel et Paul-Élie Ranson, bientôt rejoints par Édouard Vuillard et quelques autres artistes. Ils se baptisent les Nabis (« prophètes » en Hébreu), un terme qui traduit leur quête de spiritualité et de renouveau esthétique. Inscrits dans l’histoire du postimpressionnisme mais en rupture avec l’impressionnisme, le mouvement nabi prône un retour à l’imaginaire et à la subjectivité. Le groupe éclate vers 1900, chacun ayant pris des voies différentes.
7ème commandement : TEXTE EXPOGRAPHIQUE A LIRE
Le texte expographique décrit les objets exposés, mais aide, surtout, le visiteur à saisir l’esprit du tableau.
Ainsi, dans « Signac collectionneur », nous avons compris ce qu’était le « Néo-impressionnisme ». Maître au sein de ce mouvement, Signac aime s’entourer de « toiles amies » et les peintres néo-impressionnistes ont toute leur place au coeur de sa collection.
8ème commandement : SCENOGRAPHIE
Si la qualité des toiles exposées est indispensable à la réussite d’une exposition, faut-il encore savoir comment les accrocher ? C’est à ce moment précis que la scénographie et le parcours de la visite entrent en ligne de compte. Pour « Signac collectionneur », un parcours sans faute et cohérence des artistes choisis pour exprimer un thème. Le camaïeu de vert fait écho à la palette de couleurs de Signac et de ses amis néo-impressionnistes. Cela nous permet de naviguer avec plaisir dans ce lieu.
Mention spéciale pour la salle « bleu électrique » dédiée à Georges Seurat dont Signac était le plus grand collectionneur avec 80 toiles à son actif.
9ème commandement : POUR ALLER PLUS LOIN
Afin d’en savoir toujours plus sur Paul Signac, le mouvement néo-impressionniste ou sur son époque, « Paul Signac Journal 1894-1909 » semble être l’ouvrage parfait. Edité par l’arrière-petite-fille de l’artiste, Charlotte Hellman, celui-ci débute son journal en 1894 du côté de Saint-Tropez, petit village découvert après la mort de Georges Seurat, fondateur du néo-impressionnisme, dont il veut poursuivre l’héritage. Héraut du néo-impressionnisme, l’artiste était aussi un théoricien d’art respecté, et un homme engagé. Tenté par la carrière d’écrivain dans sa jeunesse, il ne mâche ni ses mots ni sa pensée. Lorsqu’il réfléchit « Histoire de l’art et Peinture », ses propos demeurent accessibles au grand public, qui découvre au fil des pages un homme aussi sportif qu’intellectuel, maniant la barre de son bateau avec la même dextérité que son pinceau et sa plume.
10ème commandement : DUREE
Avec près d’une trentaine de tableaux à observer et quelques céramiques, la visite de « Signac collectionneur » s’avère relativement rapide. Comptez de 30 à 45 minutes pour parcourir l’espace et vous imprégner de sa collection.
Visite parfaite pour les connaisseurs d’Orsay durant la pause du midi !
Article : Paul Diey
Crédit Photos : Lucie Brudy
« SIGNAC COLLECTIONNEUR » Du 12 octobre 2021 au 13 février 2022
Commissaire générale :
Laurence des Cars, Présidente-Directrice du Musée du Louvre
Commissariat :
Marina Ferretti Bocquillon, Directrice Scientifique Emérite du musée des Impressionnismes, Giverny, spécialiste de l’oeuvre de Paul Signac
Charlotte Hellman, Responsable des archives Signac