L’homme David Hockney, au tableau !

Culture

L’homme David Hockney, au tableau !

Si c'est l'art qui a fait de l'artiste David Hockney une célébrité, il n'en reste pas moins un homme comme tout le monde. Et c'est à l'homme et non à l'artiste que l'on a décidé de s'intéresser.

Alors que se tient l’exposition « David Hockney A year in Normandie » du 13 octobre au 14 février 2021 au Musée de l’Orangerie, Apollo Magazine va tâcher de vous en dire plus sur l’homme David Hockney. Et si l’homme ne rejoint pas toujours l’artiste, le connaître vous permettra d’apprécier à sa juste valeur son oeuvre.

Qui est David Hockney ? Quelles sont les rencontres qui ont fait de ce jeune anglais, né à Bradford en 1939,  l’artiste vivant le plus cher du monde ?

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"The student : Homage ot Picasso" / Estampe de David Hockney / 1973

PICASSO

A 20 ans, David Hockney intègre le Royal College of Art de Londres d’où il sort, diplômé, 3 ans plus tard. Durant cette période, il découvrira des peintres comme Alan Davie, Jean Dubuffet et Francis Bacon mais il sera marqué à jamais par sa rencontre avec Picasso dès l’été 1960. David Hockney se rend alors à la Tate Gallery pour une rétrospective dédiée au peintre espagnol duquel il dira : « J’étais tombé amoureux de Picasso. Il pouvait tout maîtriser, tous les styles, toutes les techniques. La leçon que j’en tire, c’est que l’on doit les utiliser tous. Pourquoi se cantonner à un seul petit domaine, et l’épuiser en peignant dessus cinquante tableaux ? « 

Aujourd’hui, à 84 ans, sa longévité, son hyperactivité, la multiplication de ses supports de travail… font de David Hockney un artiste majeur, au point d’être comparé à Picasso ?

L’homme David Hockney, au tableau ! - David Hockney devant sa toile David Hockney devant sa toile "Portrait of an artist (Pool with 2 figures)" avant qu'elle ne soit terminée

LA CALIFORNIE

En 1964, Hockney à 25 ans et décide de quitter son Yorkshire natal pour le rêve américain. Il choisit la Californie, son soleil, et sa capitale, Los Angeles. Choc immédiat pour le jeune homme qui tombe instantanément amoureux de cette ville où il découvre une grande liberté et une vie sans contraintes. Et pour un jeune homosexuel, c’est une révolution.

Ce « lifestyle » hédoniste lui va à ravir et cela se retranscrit immédiatement sur ses toiles. Ainsi, le ciel bleu, la végétation verdoyante, les reflets du soleil dans l’eau et les couleurs estivales caractéristiques de cette région du globe n’échappent pas à l’artiste. En 1966, il immortalise une série de peintures sur les piscines nous transportant dans la modernité de l’univers californien. Fini la peinture à l’huile, place à l’acrylique et au rouleau. Les piscines scintillantes prennent vie dans ses tableaux et feront partie de sa signature artistique. 

Le , une toile de l’artiste sera adjugée 90,3 millions de dollars lors d’une vente aux enchères chez Christie’s à New York, devenant le recordman d’enchères pour un artiste vivant, en détrônant Jeff Koons.

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PETER SCHLESINGER

En 1966, le peintre anglais tombe fou amoureux de son élève. La passion entre David Hockney et Peter Schlesinger durera six ans, le temps d’incarner le duo le plus chic et désirable du Swinging London.

Mais revenons à l’année 1966, où David Hockney alors âgé de 28 ans, est invité à donner des cours à UCLA, l’une des grandes universités de Los Angeles. Immédiatement fascinés l’un par l’autre, Hockney dira de Schlesinger qu’il est un magnifique garçon doué d’une curiosité et d’une réelle intelligence. Pour Schlesinger, Hockney dénote par son style et le charme par son humour, sa sympathie et son talent de dessinateur.

Alors que le père de Schlesinger, courtier en assurance, voit d’un très mauvais oeil cette fréquentation, il contraint son fils à suivre une psychothérapie mais les amoureux ne se quittent plus. Après des premiers mois idylliques faits de voyages en Europe, de rencontres avec Cecil Beaton, John Gielgud ou encore Rudolf Noureev, Schlesinger se rend vite compte qu’il est difficile d’exister aux côtés d’Hockney. Conscient qu’il ne restera que « le petit ami d’Hockney », il s’éprend d’un illustrateur suédois nommé Eric Boman et le coup de foudre sera immédiat et réciproque. On assistera au début de la fin entre Hockney et son jeune amant.

À propos du mariage, il déclare : « J’ai toujours pensé que je ne me marierais jamais parce que j’étais gay. Le monde d’avant le mariage gay était si différent. Mon seul regret est de ne pas avoir eu d’enfants. Aurais-je été un bon père ? Sans doute pas, car j’ai toujours placé le travail avant toute chose. »

« J'ai vu Peter Schlesinger et j'ai aussitôt pensé : c'est un vrai Californien !  »

David Hockney

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JACK HAZAN

En 1973, Jack Hazan réalise un documentaire-fiction consacré à Hockney intitulé « A Bigger Splash ». Celle-ci assoit sa notoriété internationale naissante (le film est primé au Festival international du film de Locarno) et se fait écho de la peinture « A Bigger Splash » qui présente les piscines californiennes dans les villas luxueuses.

La sortie, en 1973, du film consacré au peintre britannique David Hockney, fit l’effet d’un électrochoc. Certes, le cinéma vérité était à la mode et le réalisateur Jack Hazan n’était pas le premier à filmer un peintre au travail, ni à brouiller les frontières entre documentaire et fiction. En plus de documenter les relations complexes entre la vie et l’oeuvre d’un artiste, avec la complicité de son entourage, le cinéaste semblait filmer la fin d’un couple en direct.

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"Autoportrait de David Hockney" / Joiner

LE CUBISME

Au début des années 1970, Hockney se retrouve, de son propre aveu, dans une impasse artistique et cherche un nouveau souffle. Il renoue avec la photographie, à laquelle il s’intéresse depuis les années 60, et crée des « joiners », assemblage d’une multitude de clichés pris selon différents points de vue. Il réinterprète ainsi les leçons cubistes de Picasso, et compose des portraits ou des paysages réalisés à l’aide d’un appareil Polaroïd.

L’homme David Hockney, au tableau ! - "DH at the beach"/ Fax Art de David Hockney / 1988

LES NOUVELLES TECHNOLOGIES

Il tente ainsi de lutter contre l’idée absurde de l’obsolescence supposée de la peinture, s’emparant des nouvelles technologies pour les mettre au service de son art. Il débute par la photocopieuse laser (1986) puis poursuit avec le fax (1989) ou encore l’ordinateur (1990).

En 2009, Hockney expose des créations réalisées sur iPhone. Des centaines d’images se déclinent en portraits ou en natures mortes rappelant les tournesols de Van Gogh et les soleils mourants de Turner.

En 2010 il expose à Paris, à la fondation Pierre-Bergé /Yves Saint-Laurent, ses œuvres réalisées sur iPhone et iPad où il met en avant la possibilité de rediffuser, sur les logiciels, le processus créatif et déclarant : « La seule expérience semblable est celle où l’on voit Picasso dessiner sur du verre pour un film. »

Beside Sport - L’homme David Hockney, au tableau ! - No. 316 / Dessin à l'Ipad de David Hockney / 30 avril 2020 -

No. 316 / Dessin à l'Ipad de David Hockney / 30 avril 2020

LA NORMANDIE

Installé dans le Pays d’Auge depuis début 2019, le célèbre peintre britannique David Hockney y a initié un nouveau chapitre de sa création artistique. Sa maison, son jardin et la campagne environnante deviennent ses motifs de prédilection, peints sur iPad, technique qu’il utilise depuis plus de dix ans.

Quelques mois plus tôt, au musée de Bayeux, Hockney avait été fortement marqué par la Tapisserie de la Reine Mathilde. Longue de près de 70 mètres, la broderie forme une frise relatant d’un seul tenant la conquête de l’Angleterre par Guillaume, Duc de Normandie, au XIe siècle. Germe alors le projet de dépeindre sous la forme d’un cycle narratif l’arrivée du printemps. À peine le cycle est-il initié, qu’est décrété, en mars 2020, le confinement national.

Tandis que le monde s’immobilise, Hockney réalise sur iPad, en l’espace de quelques semaines, plus de cent images. La technique lui permet une saisie rapide et précise. À la manière des impressionnistes, il capture les effets de lumière et les changements climatiques avec dextérité selon toutefois une palette vive et lumineuse, des compositions en aplats juxtaposés aux accents pop. Les jours s’égrènent, le confinement s’achève et le printemps laisse place à l’été, à l’automne puis à l’hiver. Hockney n’a pas seulement peint le printemps, mais une année entière.

DECOUVREZ L’EXPOSITION  » DAVID HOCKNEY A YEAR IN NORMANDIE » du 13 octobre au 14 février 2021 au Musée de l’Orangerie

Article : Yves Merat

Dessin : Lucie Brudy

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