Après un été chaud, très chaud, trop chaud, nous voilà de retour sur Paris ! Alors que la température a clairement diminué, il est temps d'aller à la découverte des nouvelles expositions. Et clairement la Capitale nous gâte en cette rentrée !
Les expositions à absolument voir en octobre à Paris
L’été et ses vacances ont toujours tendance à passer trop vite pour de multiples raisons ! Néanmoins, en matière d’arts et d’expositions, la période estivale est bien trop longue à notre goût. En effet, difficile de trouver un musée offrant une raison valable de pousser sa porte, hors découverte de celui-ci et de sa collection permanente. Heureusement, la fin du mois de septembre donne le coup d’envoi de la nouvelle saison des expositions et les équipes d’Apollo Magazine comptent bien « bouffer » de la culture et de l’art comme le dirait si élégamment Jean-Luc Mélenchon concernant le traitement médiatique du décès de la Reine d’Angleterre.
De ce fait, voici trois expositions qui méritent d’être vues à Paris en octobre 2022 !
Bon exemplaire du numéro du Time du 15 aout 1934 qui présente à la une un portrait de Schiaparelli par Stevens Rockwell et qui contient un article de 6 pages sur la haute couture.
« Shocking ! Les mondes surréalistes d’Elsa Schiaparelli » au Musée des Arts Décoratifs jusqu’au 22 janvier 2023
Voici la seule et unique exposition qui nous a enthousiasmés cet été ! Tout d’abord, comme dit précédemment, le Musée des Arts Décoratifs a été un des seuls à nous proposer une programmation dès début juillet mais également la découverte d’Elsa Schiaparelli et de son univers qui fut extrêmement plaisant.
Le musée des Arts décoratifs met à l’honneur l’œuvre audacieuse et inspirante d’Elsa Schiaparelli, créatrice italienne, dont l’inspiration s’est nourrie d’une relation privilégiée avec les artistes du milieu de l’avant-garde parisienne des années 1920 et 1930. L’exposition réunit 520 oeuvres dont 272 costumes et accessoires de mode, mis en regard de peintures, sculptures, flacons de parfum, céramiques, affiches et photographies signées des plus grands noms de l’époque comme Man Ray, Salvador Dalí, Jean Cocteau, Meret Oppenheim ou encore Elsa Triolet.
Un aperçu des différents parfums et flacons créés par Elsa Schiaparelli
Notre avis : Si la mode est le « medium » choisi par Elsa Schiaparelli, c’est bien d’une artiste à part entière dont on parle ici. En effet, la créatrice italienne touchait à tout et était considérée par ses amis artistes comme une des leurs. Entourée des plus grands de l’époque, Schiaparelli a créé des oeuvres inoubliables, notamment lors de collaborations avec son grand ami Dali. On peut parler de la robe homard portée par la Duchesse de Windsor en 1938 ou encore du chapeau chaussure. Cette exposition retrace toute sa vie avec une mise en scène très réussie et très très riche.
Si vous ne connaissez pas Elsa Schiaparelli, courez au « MAD » afin de connaître la vie, de vous enivrer de l’univers et d’apprécier les oeuvres de celle qui était considérée comme la grande rivale de Gabrielle Chanel !
"Autoportrait avec cigarette" d'Edvard Munch, 1895, Huile sur toile
« Edvard Munch. Un poème de vie, d’amour et de mort » au musée d’Orsay 20 septembre 2022 au 22 janvier 2023
Retrouver le musée d’Orsay est toujours un plaisir et ce n’est pas l’exposition consacrée à l’auteur du « Cri » le plus célèbre de la peinture qui nous fera bouder ce même plaisir ! En collaboration avec le musée Munch d’Oslo, le musée d’Orsay expose le célèbre peintre norvégien Edvard Munch (1863-1944) dont l’œuvre dans son ampleur et sa complexité demeure pourtant en partie méconnue. A travers une centaine d’œuvres, tableaux, gravures et dessins, on découvre comment l’artiste norvégien revisite constamment les mêmes thèmes, au centre duquel on trouve les émotions humaines.
Le musée d’Orsay présente ainsi le portrait d’un peintre résolument moderne, tout en réévaluant l’historiographie traditionnelle qui oppose le symbolisme fin de siècle de l’artiste à son expressionnisme du début du XXe siècle. Celui-ci propose ainsi une vision globale de la vie et de l’œuvre de l’artiste, en mettant en avant sa cohérence.
"Le Cri" d'Edvard Munch, 1895, lithographie
Notre avis : Si vous vous attendez à voir une exposition pleine de bons sentiments ou de gaieté alors ce n’est pas sur que Munch soit le peintre fait pour vous. L’artiste norvégien est l’interprète de la mélancolie et de la crise existentielle de l’homme. Et forcément dépeindre les sentiments propres à la nature humaine, cela ne respire pas souvent la joie.
Mais à l’image de son « Cri » qui n’a pas fait le déplacement jusqu’à Paris et qui est représenté ici par une lithographie ou encore un dessin, l’oeuvre de Munch est « criante » de vérité sur les angoisses qui habitent l’homme. Munch est un artiste majeur et il était temps que Paris propose un tel ensemble après la palpitante exposition du Centre Pompidou de 2011 sur le rapport du peintre avec la photographie. Après les finlandais Akseli Gallen-Kallela au musée Jacquemart-André et Albert Edelfelt au Petit Palais, la mode est aux peintres nordiques avec le norvégien Munch…et être à la mode a bien souvent du bon !
"Thor face au serpent Midgard", de Johann Heinrich Füssli, 1790-1791, huile sur toile
« Füssli, entre rêve et fantastique » au musée Jacquemart-André du 16 septembre 2022 au 23 janvier 2023
À travers une soixantaine d’œuvres issues de collections publiques et privées, le musée Jacquemart-André vous présente les thèmes emblématiques de Füssli, artiste de l’imaginaire et du sublime. Des sujets shakespeariens aux représentations du rêve, du cauchemar et des apparitions, en passant par les illustrations mythologiques et bibliques, Füssli développe une nouvelle esthétique qui oscille entre rêve et fantastique.
L’artiste se joue des apparitions les plus sombres, illustrations mythologiques teintées de touches fantastiques, puisant dans un imaginaire dramatique pour inventer un nouveau langage pictural, onirique et inquiétant, oscillant entre le merveilleux et le grotesque. Füssli contourne les règles académiques dans une œuvre paradoxale, où terreur rime avec horreur, signant les origines du romantisme noir.
"Le Cauchemar" de Johann Heinrich Füssli, 1790-1791, huile sur toile
Notre avis : Füssli est notamment le peintre du Cauchemar… Ce célèbre tableau fit scandale en 1782, introduisant noirceur, excès et érotisme dans la peinture du XVIIIe siècle. Jamais aucun peintre n’avait osé cela avant Johann Heinrich Füssli et cette oeuvre inspira de nombreux artistes. Une femme allongée semble dormir paisiblement. Mais assis sur elle, un démon grimace et en arrière-plan, un cheval fou aux yeux blanc l’observe. On ne sait pas si c’est le cauchemar de la femme endormie ou le nôtre tant la toile effraie. Füssli a inventé cette représentation du cauchemar, mais aussi le sens du jeu de mot, « night »-« mare » veut dire une « jument nocturne » .
Il inspira Mary Shelley, l’auteure de Frankenstein ou encore Francis Ford Coppola, le réalisateur du Parrain. Souvenez-vous de cette scène mythique du film : une proposition que l’on ne peut refuser et un réveil sanglant, tête de cheval sous les draps. Vous l’avez bien compris, Füssli fut l’inventeur de la peinture fantastique.
Ainsi, si nous nous attardons sur ce tableau pour vous donner notre avis, c’est tout simplement que cette exposition devrait ravir les fanatiques du courant « Heroic Fantasy » avec ces thèmes sorcières, monstres, magiciens qui vont parcourir toute la culture du XIXe et du XXe siècle, jusqu’à Tolkien, auteur des livres du « Seigneur des Anneaux » notamment !
Article : Pic della Mirandola
