Artémis était la déesse de la chasse et de la nature sauvage. Ainsi, quoi de mieux que d’aller à la rencontre de celles qui se sont faites un nom parmi les plus grandes et qui arborent certaines caractéristiques de cette fameuse déesse.
Notre Artemis du jour est encore très jeune et pourtant est déjà à la tête de sa propre maison de haute joaillerie. Sensibilisée depuis son plus jeune âge à l’écologie et à la préservation de notre environnement, elle design depuis plus de 3 ans des bijoux éthiques. Récompensée à la fois du Grand Prix du Jury au 36e Festival de Hyères, de l’Alchimiste mais aussi du Bright Young Gems, elle a su se faire une place parmi les plus grands. Son nom est : CAPUCINE HUGUET, ELLE EST DESIGNER ET FONDATRICE DE LA PRESTIGIEUSE MAISON CAPUCINE H.
– Capucine, comment vous est venue l’envie de travailler dans le milieu de la haute joaillerie ?
Capucine Huguet : J’ai eu la chance d’avoir toujours su que je voulais travailler dans la joaillerie. Petite, j’adorais ramasser les cailloux. J’étais fascinée par ce que la nature parvenait à produire et j’étais également passionnée par le dessin. Il m’a paru rapidement évident de me tourner vers un métier regroupant ces deux attraits, me permettant ainsi de découvrir ce domaine. Lors de mes études supérieures, j’ai aussitôt compris l’engagement du bijou et ai voulu à la fois raconter et sensibiliser les autres sur l’urgence climatique.
– Quelle formation avez-vous suivi pour exercer, aujourd’hui, ce métier de joaillier ?
C.H : Pour devenir joaillière attitrée, j’ai dans un premier temps, suivi un baccalauréat scientifique. Puis, je suis partie étudier la fabrication des bijoux pendant 4 années à la Haute École de Joaillerie de Paris. Durant ce cursus, j’ai eu la chance d’effectuer des stages dans de prestigieuses institutions Place Vendôme, telles que Cartier ou encore Van Cleef & Arpels. Par la suite, je suis partie à Londres, suivre un master de design à Central Saint Martins College of Art And Design. C’est ainsi que j’ai pu étudier l’impact et la signification sociologique du bijou.
– Quel est le style capucine H ?
C.H : Mon style s’inspire essentiellement de la nature. Cela ne veut pas, pour autant dire que je design des fleurs et des oiseaux. Ma recherche est plus abstraite. Mes bijoux sont imaginés et créés à partir de l’étude scientifique de divers phénomènes naturels, la plupart du temps au microscope. Je peux aussi bien concevoir un modèle à partir d’un graphique que d’une donnée.
Mes pièces se caractérisent également par le travail artisanal. Je suis une artisane joaillière qui aime le travail technique et le fait main. C’est pourquoi, sur ma prochaine collection, je me suis tournée vers des artisans graveurs, afin de faire renaître de la meilleure façon des compositions parfois oubliées et qui pourtant, ont tout leur charme.
Afin de donner du sens à mes collections, je tends à ce que chaque pièce soit unique. J’aime me dire que le client détient un bijou unique, propre à son image.
D’où provient votre engouement pour la nature ?
C.H : Je pense avoir toujours ressenti une connexion avec la nature. Particulièrement vers l’âge de 15 ans, je me suis éveillée au monde qui m’entoure et j’ai très vite été convaincue par la mouvement écologiste. Je suis devenue militante et engagée. Aujourd’hui, je suis végétarienne et je reverse une partie de mes fonds à une entreprise écologiste.
Dans ma jeunesse, j’ai aussi eu la chance de beaucoup voyager avec mes parents. A cette occasion, j’ai mûri ma vision du monde et ai pris conscience des merveilles que la Terre pouvait nous offrir si l’on en prenait soin.
Par la suite, je suis partie pour la première fois au Pôle Nord, au Svalbard, avec une équipe de scientifiques pour étudier la fonte des glaciers. Une fois rentrée dans mon atelier, j’étais chargée d’une mission, celle d’arriver à créer des bijoux qui allaient toucher les gens comme j’avais pu l’être sur place. Je voulais leur transmettre la fragilité de ce lieux si important qui disparaît à une vitesse pharaonique.
Capucine, comment expliquez vous être aujourd’hui, l’une des seules à proposer une telle sensibilisation aux enjeux environnementaux dans votre travail ?
C.H : Je me suis, effectivement, penchée sur la problématique de cet engagement et j’ai malheureusement remarqué qu’ils n’étaient que très peu à avoir poursuivi une telle conviction.
Lorsqu’une maison veut devenir éthique, elle s’intéresse uniquement aux matériaux utilisés lors du processus de création. Cependant, il existe également dans le bijou, l’attachement qu’on porte à la pièce, l’histoire qu’elle transmet. Ainsi, j’ai décidé que le design de mes bijoux allaient devoir raconter et transmettre l’amour et la connexion que l’on porte à notre planète.
Pour beaucoup la joaillerie doit se contenter d’être belle. C’est pour cela que j’essaye de proposer des sujets esthétiques mais toutefois porteurs d’histoire.
– Vous parait il difficile de trouver des alternatives plus éthiques dans le processus de création de vos pièces ?
C.H : Lors de la fondation de ma maison, il m’a semblé plus difficile de trouver des alternatives qu’à présent. Chaque année, le marché évolue et la clientèle se conscientise sur certains enjeux.
J’essaye de ne travailler qu’avec du diamant ancien, c’est-à-dire récupéré sur d’anciens bijoux et recyclés. Je trouve cela plus responsable que le diamant de mine ou de laboratoire. Néanmoins, comme les fournisseurs se font rares, le stock est plus réduit, pouvant allonger le temps d’acquisition.
Faire du « Made in Paris », c’est un coût mais c’est la garantie d’une expertise et d’un savoir-faire.
– Quel est le client type chez Capucine H ?
C.H : Un client type chez Capucine H, c’est un client sensibilisé par ma démarche et la mise en avant de la traçabilité de mes matériaux. Je mets justement ce choix en avant, pour alerter et sensibiliser le plus tôt possible. La majorité de mes clients s’intéressent et me posent des questions sur la manière de faire. Malgré tout, ils restent une minorité à n’être intéressée qu’uniquement par le design, sans être touchée par la recherche derrière.
– Portez vous vos propres bijoux ?
C.H : Cela dépend lesquels ! Certaines pièces ne sont pas designées pour être portées de manière quotidienne. Elles détiennent une valeur trop importante et sont destinées à être portées lors d’évènements. Néanmoins, j’ai des bijoux, tels que des bagues ou des boucles d’oreilles, que je porte parce qu’ils sont plus adaptés et cela m’est déjà arrivée que l’on m’arrête dans la rue pour me demander leur provenance.
– Capucine, quels seraient pour vous vos Apollo et Artemis ?
C.H : Il y en a tellement ! La créatrice de mode Vivienne Westwood, le compositeur de musique classique Ludovico Einaudi, l’artiste Olafur Eliasson mais aussi et surtout les créateurs de bijoux Austy Lee et Bibi Van der Velden.
– Merci à toi Capucine
C.H : Merci à toi Anna
Interview réalisée par Anna tavernier