Les années 1990 - ou plus précisément la période entre la chute du Mur de Berlin et le 11 Septembre - sont entrées dans l’histoire du monde occidental non seulement comme une époque d’optimisme et prospérité, mais aussi comme celle de la production d'images qui resteraient dans la conscience collective pendant de nombreuses années à venir. Il ne serait pas exagéré de déclarer que presque tout ce qui inspire la pop culture d'aujourd'hui est apparu alors. Aujourd'hui, les Nineties font leur grand retour, notamment à travers une exposition photo inédite à la Galerie Duret, en marge de la Paris Fashion Week.
« Eternal Nineties », l’exposition mode à ne pas rater

Les années 90, c’est quoi ? Les Simpsons, Friends et Sex and the City, Maman j’ai raté l’avion, Basic Instinct et Pulp Fiction, les Spice Girls, Britney Spears ou encore les soirées techno… Assez paradoxalement, les gens nés à la fin des années 1970 se sentent aussi proches de tout cela que leurs enfants nés dans les années 2000.
Trente ans plus tard, les Nineties ne sont pas passées de mode, bien au contraire ! Aujourd’hui, Friends bat tous les records du nombre de vues sur les plateformes à l’instar de Netflix. Mais avant tout, les Nineties c’est l’époque des supermodels, notamment marquée par la fameuse couverture de Vogue américain du janvier 1990, où sur la photo de Peter Lindbergh apparaissent ensemble Cindy Crawford, Naomi Campbell, Linda Evangelista et Christy Turlington. À ce moment-là, la photographie de mode est entrée dans son âge d’or, comparable à ce qui fut le temps de Raphaël, Michel-Ange ou Léonard de Vinci pour la peinture…

L’abondance de corps nus, le caractère statutaire et la sensualité des poses, le culte des muses, l’obsession par les proportions idéales et ce type de beauté que l’on pourrait qualifier de « surnaturel » – ces traits rendent la photographie de mode des années 1990 très proche de La Naissance de Vénus de Botticelli, par exemple. Ce « classicisme des Nineties » n’est pas tombé dans l’oubli avec l’époque qui lui a donné naissance, mais il est devenu l’une de ces « esthétiques éternelles » qui ne disparaîtront jamais de la mémoire de l’humanité. Et c’est en l’occurrence à lui, que les participants de la présente exposition à la Galerie Duret, ayant lieu pendant la Paris Fashion Week, photographes de renommée internationale Jacques Burga, Fred Meylan, Sylvie Castioni, Sabine Villiard, Félix Dol-Maillot, Pierre-Alban Hüe de Fontenay et Denis Boulze font référence dans leur travail.

Jacques Burga, Sylvie Castioni et Fred Meylan mettent en scène une femme-déesse, presque écrasant le spectateur par sa splendeur physique ou une figure de la bonne société, nouvelle Marie-Antoinette et Madame de Pompadour.

À leur tour, Félix Dol-Maillot, Denis Boulze et Pierre-Alban Hüe de Fontenay s’intéressent à la dimension plus intime et domestique, au naturalisme des postures témoignant d’une grande confiance entre le photographe et sa muse.

Les images de Sabine Villiard, quant à elles, avec leur scénographie joviale et extravagante, redonnent au reste de l’exposition un contre-point surréaliste. La profonde individualité de chacun des photographes n’empêche pas l’existence de correspondances « factuelles » dans leurs imageries.

L’actrice Léa Seydoux nous regarde depuis les photos de Fred Meylan et Sylvie Castioni. La cigarette avec toute la multiplicité de références qui lui sont propres est présente sur les clichés de Sylvie Castioni et Pierre-Alban Hüe de Fontenay.

Le denim – tissu emblématique des Nineties – trouve sa place sur les images de Fred Meylan et Félix Dol-Maillot.
Prises ensemble, toutes ces œuvres nous donnent une vision claire des « Nineties éternelles », en racontant l’histoire de la continuation de l’esthétique des années 1990 dans la création des photographes un quart de siècle plus tard.
Commissaire de l’exposition : Nikita Dmitriev
Vernissage : Jeudi 3 mars 2022 de 18h à 21h30
