Clara Morgane, “The Greatest Showgirl”

Interview

Clara Morgane, “The Greatest Showgirl”

Fantasme parmi les fantasmes, lorsqu’on évoque Clara Morgane, les yeux des hommes s’allument. Elle revient avec un nouveau calendrier autour du thème de la sensualité mais aussi de la liberté.

Femme d’affaires accomplie, épouse comblée, maman épanouie, artiste féminine et féministe engagée, meneuse de revue à couper le souffle… Et si Clara Morgane avait trouvé le secret du bonheur ?

On se rencontre aujourd’hui à l’occasion de ton calendrier 2022, comment fait-on pour se renouveler pendant 20 ans ?

Je suis très heureuse parce que ça veut simplement dire que ça fait longtemps que je réussis à me réinventer par rapport au public qui me suit. C’est extraordinaire pour moi, ça m’émeut beaucoup, ça me bouleverse souvent et ça me donne encore plus envie de créer et d’inventer un univers différent chaque année. Il est question de ça. Chaque année, je dois me réinventer, me remettre en question, savoir ce qui est dépassé, ce qui m’excite, ce qui me motive. Peut-être changer de photographe, changer d’univers, changer la lumière, on a tout fait sur celui-là.

C’est quel photographe sur ce shooting ?

C’est Patrice Berchery, j’aime son univers plus naturel. C’est vrai que je suis très habituée aux flashes parce que je suis de la génération 2000 et que c’était « tout flash », avec une presse masculine très lissée. Aujourd’hui, je suis une femme de 40 ans et j’aime aussi les choses plus simples, plus proches de la nature, avec plus de jeux de lumière, ça m’importe beaucoup et j’avais vraiment besoin de respirer. Tout le monde a besoin de respirer en ce moment, moi j’ai la chance d’habiter dans le sud j’ai beaucoup d’espace et j’avais envie de faire profiter avec ce shooting en bord de mer. Ce calendrier, c’est un voyage métaphorique vers la liberté. Au début, je définis le carcan de la société par l’habillement avec 4-5 photos tout de noir vêtue, très couverte avec évidemment l’image biblique parce qu’on est sur un toit à un moment mais ça ne représente absolument pas le catholicisme, ni le côté amish. Je voulais une religion qui n’existe pas mais qui symbolise aussi le poids des sociétés, les obligations qu’on a tous à suivre. Et au fur et à mesure, l’envol de cette femme qui est soumise à plein de contraintes, qui prend ses valises, s’éloigne du groupe et finit nue sur une plage dans un tipi. Certes, c’est une métaphore un petit peu poussée, du carcan à la liberté totale.

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Dans le film qui accompagne le calendrier, tu apparais avec Bastos, candidat de téléréalité, et ta sœur, ce n’est pas la première fois que tu poses avec elle ?

Elle ne s’est pas toujours sentie bien dans son corps et dans sa tête et je sentais, sans qu’elle me le demande, que ça la faisait un peu rêver donc dès que je peux la prendre avec moi, elle m’accompagne, c’est aussi simple que ça. C’est ma sœur, je l’aime et elle est magnifique. Et puis on est très différentes, ça fait la brune et la blonde.

Et pourquoi avoir choisi Bastos ?

Dans cette idée de métaphore, je voulais un groupe et pas forcément un groupe de femmes parce que je ne voulais pas dire que les femmes étaient sous le couvert de la société, c’était plus large que ça mon idée, c’était « nous tous » sommes sous la contrainte. Donc il me fallait une présence masculine. Et quand j’ai fait l’analyse des hommes qui sont dans les médias etc, j’ai remarqué Bastos parce qu’il est très beau, c’est la première raison. C’est un ancien mannequin donc 2ème raison, c’est quelqu’un qui sait poser et qui ne va pas être compliqué sur un tournage. Et surtout, il n’est pas beaucoup plus jeune que moi, je crois qu’il a 35 ans, mais il touche un public plus jeune. Et penser à toujours viser au plus large, ça m’intéresse. Donc il remplissait plein de cases et quand je l’ai appelé, la conversation s’est passée très simplement, je l’ai senti motivé, ça a coché une case de plus donc on a avancé. Et c’est vrai que derrière tout ça, il y a quelque chose en plus, c’est que les gens de la téléréalité n’ont pas une très bonne image, parfois à raison par exemple dans les crises télévisuelles qu’on peut voir parfois, et parfois à tort parce qu’il y a des gens un peu différents, des gens intelligents qui réfléchissent et je trouve que Bastos en fait partie. Donc comme je suis une personne qui œuvre pour les cas un peu à part, ça m’a plu de défendre cette cause-là aussi. Parce que dans tous les milieux que ce soit, dans le porno, dans la téléréalité, dans tous les métiers un peu spéciaux, mettre les gens dans des cases automatiquement, ça m’exaspère beaucoup.

L’année dernière tu étais cavalière, l’année d’avant tu étais geisha, cette année tu es libre, est-ce que c’est le fait d’avoir quitté Paris pour habiter dans le sud qui te fait te sentir libre ?

Oui, je pense que ça a beaucoup aidé ! Je me suis sentie un peu maline sans le vouloir parce que j’ai quitté Paris un an avant le confinement, donc c’était vraiment l’échappée belle. Vivre le confinement dans un appartement, je n’ose pas imaginer ce que ça a pu être, je me suis sentie privilégiée parce que j’avais beaucoup d’espace et ma famille près de moi. Quand toutes les interdictions tombent, on se rend compte que la nature, c’est ce qui nous sauve. On pense que c’est le travail, les enfants, c’est ça aussi, mais quand les enfants prennent beaucoup de place, toute votre énergie – même si on les aime-, la nature peut panser toutes ces difficultés. Donc je ne pouvais pas faire ce calendrier à l’intérieur en studio après avoir vécu ça, j’ai choisi Sainte-Marie-de-la-mer, on l’a fait avant saison, c’est-à-dire au mois de juin donc on a eu une lumière et une plage déserte, c’était absolument incroyable pour shooter.

Tu es une touche-à-tout, tu as une vraie curiosité…

Oui, je suis curieuse, mais avec le temps je me rends compte que j’ai un vrai cadre, je ne suis pas tous azimuts, c’est-à-dire que j’ai un message autour de la sensualité et il se trouve que ce thème, on peut l’exploiter sur plein de supports, comme sur papier glacé, sur la galette d’un album – j’en ai sortis 3 -, au théâtre et finalement au cabaret. Parce que le cabaret, c’est un peu tout ce que j’aime, je suis présentatrice parce que maitresse de cérémonie, je chante, je danse, je suis une artiste qui fait tout ça sous couvert de sensualité et de féminisme.

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J’allais justement parler de la Clara Morgane chanteuse, tu as fait pas mal de reprises, entre autres Comme un boomerang de Serge Gainsbourg, I’m so excited des Pointer Sisters…

Je fais toujours des versions très différentes de l’original sinon je ne vois pas l’intérêt mais oui, j’aime les reprises.

Pour I’m so excited qui correspond à ton 3ème album, tu as beaucoup ralenti les bpm (ndlr : battements par minute) pour avoir une ambiance jazzy, c’est vraiment le genre de musique qui te plait ?

Aujourd’hui, oui, chez moi, j’écoute beaucoup de jazz, de musique classique aussi. Et c’est vrai que quand on regarde mon évolution discographique professionnelle, on se rend compte de mon évolution discographique personnelle (rires). J’ai commencé par le RnB, c’était J’aime avec Lord Kossity, c’était un carton, on a fait 3èmeau top single, on a vendu 50 000 exemplaires, c’est un beau succès. Après, j’ai fait un album electro parce que c’était mon époque « teuf ». Et c’est vrai que comme j’ai sorti un album bien plus tard, j’étais plus dans une phase un peu « so jazz, so chic ». Et je me suis retrouvée au cœur d’un Big Band pour cet album de 17 musiciens et j’ai eu la chance de chanter sur cette musique incroyable avec Gérard Daguerre. C’est lui qui a créé ce Big Band autour de moi et je l’en remercie beaucoup. J’ai kiffé chaque seconde et pour moi, c’est vrai que c’est un bel héritage artistique. Pour ma fille, je suis heureuse d’avoir terminé par cet album, j’ai l’impression d’être allée au bout de mes capacités musicales. Je suis contente de mon album RnB du début et je suis sûre que ma fille aussi aimera bien, mais quand elle va grandir un petit peu, je suis plus fière de lui montrer l’album jazz !

Tu viens de dire que c’était ton dernier album, il n’y en aura pas d’autre ?

Je ne pense pas parce qu’en fait cet album jazz, je le chante tout le temps dans mon cabaret. Et en fait, je crée des nouvelles chansons pour le cabaret, par exemple j’ai trouvé qu’il manquait des tableaux, vers le démarrage, où il y aurait tous les artistes. Je voulais un truc un peu à la Greatest Showman où je chante et au fur et à mesure, ça s’éclaire sur l’effeuilleuse, puis sur la pole danceuse etc. Je voulais ça et il n’y avait pas de chanson qui le permettait donc j’ai écrit Dans le noir.

Dernièrement, on t’a vue dans un clip de la reprise de Travesti, peux-tu nous raconter un peu le « behind the scene » ?

Il y a toute une histoire ! En fait, on est en plein confinement, on a le droit de rien, les cabarets sont fermés et moi je ne suis pas d’accord. Donc je propose au directeur du César Palace à Paris de faire du streaming. Et avec le recul, si je n’avais pas fait ça, aujourd’hui, la troupe n’existerait plus. Grâce au streaming, pendant un an et demi, on a continué à être une troupe, à s’aimer, à être créatifs parce qu’on s’est donné des idées entre nous etc. Et puis je me dis « les rues de Paris sont quand même désertes » et ça me titille. Et je profite d’un jour où on est tous réunis pour le cabaret le soir et je leur dis « on va faire un clip ». On n’a demandé aucune autorisation, j’ai demandé à mon avocat pour lui demander ce qu’on risquait, il m’a dit « rien ». Donc je peux vous dire qu’on s’en est donné à cœur joie, que j’ai eu l’impression d’être Beyonce quand, à un moment, j’ai 8 danseuses, dos à la Tour Eiffel, face cam, avec moi devant, on a l’impression que Paris est à nous, on se la racontait grave ! D’autant plus qu’il faisait mauvais temps le matin et que quand on s’est positionnés vers la Tour Eiffel, le soleil est sorti, il s’est passé un truc. Comme quoi on peut tirer des bonheurs et des plaisirs dans la vie un petit peu partout. La contorsionniste a performé sur les marches, l’effeuilleuse, pareil, et cerise sur le gâteau, on a quand même monté une barre de pole dance. On s’est dit « on est en plein milieu de la Tour Eiffel, à tout moment, il y a quelqu’un qui va venir et qui va nous demander ce qu’on fait ». Mais personne n’est venu et elle a fait des plans acrobatiques, avec la Tour Eiffel en fond, en plein Trocadéro. Sans parler des 4 policiers qui étaient, les bras croisés, à l’endroit où on voulait tourner. Je suis allée les voir franco, habillée en cabaret, maquillée et je leur ai dit « Excusez-moi messieurs, on a un tournage, j’ai un petit peu peur qu’on vienne nous déranger parce que vous voyez nos tenues, on est un peu sexy. Si jamais il y a des gens qui nous embêtent, on peut venir vous voir, vous nous défendrez ? ». Ils étaient très surpris mais ils ont répondu « Oui madame Clara Morgane, pas de problème ». De A à Z, la journée était incroyable.

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As-tu d’autres projets dont tu voudrais nous parler ?

J’ai l’impression d’avoir trouvé un équilibre incroyable aujourd’hui entre ma famille et mon travail. Le calendrier pour le côté créatif annuel posé, je trouve qu’à l’heure du numérique, c’est important que quelques feuilles de papier subsistent, il y a une mémoire française et je suis fière qu’il existe, c’est mon bébé. Et puis, à l’heure du cabaret, je peux m’exprimer artistiquement parce que je peux tout imaginer et surtout je suis accompagnée d’artistes qui sont de très haut niveau.

Il y a combien de personnes dans la troupe ?

On est une quinzaine. Et donc ça fonctionne, on commence à avoir une image respectable. Quand je me suis lancée dans le cabaret, les gens me regardaient encore avec des billes, et ils ont vu qu’il y avait quand même une longévité parce que ça fait 5 ans que ça existe. Comme mon calendrier, ça fait 20 ans, j’espère que mon cabaret durera longtemps aussi !

Propos recueillis par Virginie Garcia.

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Format : 31cm x 43cm

Prix public indicatif : 19,99€

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