Carine Galli « Hors Antenne »

Interview

Carine Galli « Hors Antenne »

Si les projecteurs sont souvent braqués sur les journalistes sportifs les plus célèbres, notamment lorsque ceux-ci apparaissent à la télévision, cela ne les empêche pas d'avoir du recul sur leur profession et sur les différents médias de sport. Ainsi, Beside Sport livre une interview "Hors Antenne" aux dignes représentants du métier de journaliste sportif !

S’imposer en tant que journaliste sportive reconnue dans un univers comme le football, c’est un sacré pari. Et celui-ci a été réussi depuis de nombreuses années par Carine Galli, qui officie aujourd’hui en tant qu’animatrice les soirs d’Europa League sur W9 mais également en tant que chroniqueuse sur la chaîne l’Equipe dans les émissions « L’Equipe d’Estelle » et « L’Equipe du Soir ». Egalement journaliste bord-terrain et auteur de ses premières interviews pour le quotidien L’Equipe, Carine Galli a accepté de répondre à notre interview « Hors Antenne » !

Journaliste sportif, c’est souvent le graal pour les jeunes garçons ou filles qui souhaitent avoir accès à leurs idoles. Néanmoins, les places attrayantes sont rares. Quelles sont les qualités pour pouvoir un jour devenir les futurs Carine Galli ou Grégoire Margotton ?

Déjà, je suis très très loin de Grégoire Margotton qui est l’un des journalistes phares aujourd’hui en France. La première chose évidente est qu’il faut être passionné. Il faut également ne jamais arrêter d’y croire ou de se battre et saisir toutes les chances qui s’offrent à nous. Avant tout, c’est une question de passion car ce n’est pas un métier que l’on choisit par hasard. Il faut beaucoup de volonté et on a tous un jour une opportunité à saisir une fois dans notre vie donc lorsqu’elle se présente et que l’on a tout fait pour l’avoir, il faut la saisir et continuer.

Quel regard as-tu sur le service des sports de France Télévision qui a fini par donner de la place à Mathieu Lartaut ou encore Clémentine Sarlat mais qui ne lâche pas des Nelson Monfort ou Patrick Montiel qui malgré leurs compétences semblent très loin des générations actuelles ?

Je pense qu’il faut de tout. Je n’en connais aucun personnellement à part Clémentine Sarlat car l’on était ensemble sur Eurosport. Je ne suis pas pour le jeunisme à outrance et pas non plus pour qu’il n’y ait que des dinosaures. Il faut surtout que les personnes qui sont en place soient compétentes. Après on parle de véritables personnages. Nelson Monfort, tout le monde le connaît…même ma mère le connaît alors qu’elle ne suit pas du tout le sport. C’est un personnage médiatique et du monde sportif avec ses qualités et ses défauts. Mais lorsque l’on a une si longue carrière, je pense que l’on a beaucoup plus de qualités que de défauts.

Sophie Tallman a été la première femme à avoir une voix qui comptait dans le foot à la télé, est-ce un modèle ? As-tu un journaliste sportif qui t’inspire ?

Alors ce n’est pas du tout un modèle car je pense que l’on ne faisait pas du tout la même chose…sans dénigrer ce qu’elle faisait. Je n’ai jamais souhaité voulu être X ou Y mais lorsque j’étais petite, je me souviens très bien de Claire Chazal car mes parents regardaient toujours le JT de 20h sur TF1. C’est elle qui nous annonçait des faits marquants dans ma jeunesse. Je me souviens lors de la mort d’Ayrton Senna, le 1er mai 1994, c’est elle qui ouvre le 20h et qui l’annonce. A l’époque, les réseaux sociaux n’existaient pas, les smartphones non plus et donc même si on savait que cela était grave, on ne connaissait pas l’ampleur des dégâts.

On a souvent moqué Téléfoot pour son manque d’images depuis les années 2000 et ses reportages sur les équipes africaines. Que penses-tu de cette émission, véritable institution du petit écran ?

Déjà j’adore le rédacteur en chef, Marc Ambrosiano, c’est mon parrain dans la profession. C’est grâce à lui que je suis rentrée à RMC en 2009 donc je lui dois beaucoup. Honnêtement, ils font encore de très belles audiences et ont encore des interviews exclusives. Effectivement, ils n’ont plus toutes les images mais ils proposent des contenus différents et ont su se réinventer. Pour être honnête avec vous, le dimanche matin je dors mais c’est encore une belle réussite aujourd’hui.

Quelle émission rêverais-tu de créer dans le foot ou dans le sport en général ?

J’aimerais par exemple que l’on puisse suivre un sportif pendant 1 semaine et que l’on découvre réellement la vie d’un sportif car finalement on ne connaît que très peu la vie d’un sportif de A à Z. Cela serait l’occasion de voir comment la vie des footballeurs ou autres est réglée. Il y a une discipline à tenir lorsque tu veux être un sportif de haut niveau que cela soit au niveau diététique, de la musculation, de l’entraînement mais aussi en dehors des terrains au niveau social et familial. Alors je n’invente rien et cela a déjà été fait mais j’aimerais bien faire cela en France.

Le côté personnalisation n’est-il pas trop compliqué en France. On peut le voir avec la « PogSérie » sur Canal + autour de Paul Pogba qui est très critiquée.

Non je ne pense pas mais c’est surtout qu’en France, il y a une trop grande défiance entre le journaliste et le sportif. Aujourd’hui, pratiquement tous les meilleurs footballeurs des grands clubs sont inaccessibles. L’époque de Didier Roustan où il avait des entretiens avec des monstres comme Waddle, Papin ou Beckenbauer et qu’il arrivait à la Turbie, centre d’entraînement de Monaco, en hélicoptère pour interviewer Arsène Wenger est malheureusement révolue. Aujourd’hui, le fossé est trop grand entre nous et les footballeurs…à part lorsque vous êtes détenteur de droits où là, ils sont un peu obligés de jouer le jeu.

Si la chaîne l’Equipe se porte très bien et que W9 avec l’Europa League bat des records d’audience, notamment grâce à l’OM cette année, est-ce qu’aller sur Canal +, BeIN Sports ou encore SFR Sport, des chaînes avec les droits de la L1 et la Ligue des Champions, est un objectif ?

Être présente sur tous les matchs de Champions League, c’est le rêve de tout le monde assurément. Quand je peux y aller à titre personnel, j’y vais car j’ai envie de vibrer lors des grandes affiches de Ligue des Champions. Donc si je pouvais le découvrir dans le cadre de mon travail, j’adorerais aussi, après je suis ravie de ma place aujourd’hui. Je suis consciente de la liberté que j’ai et mon autre souhait, c’est de pouvoir faire des entretiens en presse écrite. Afin de pouvoir parler dans la longueur avec un acteur du sport et d’ensuite retranscrire ce que l’on a vécu lors de cet échange.

Sur ces différentes chaînes, de jeunes journalistes sportives, spécialisées football, comme Marie Portolano ou Anne-Laure Bonnet font très bien leur boulot. Y a-t-il une sorte de compétition entre vous ?

Non pas du tout. Je connais un peu Marie car on était ensemble à CFoot à l’époque mais on n’est plus du tout en contact. Je ne connais pas Anne-Laure. On se croise sur les matchs et on se dit bonjour mais on ne se connaît pas plus que ça. Quand je vois Anne-Laure Bonnet sur tous les stades d’Europe, cela fait rêver. Après cela serait génial que je parle toutes les langues comme elle parce que je prends des cours d’anglais et je galère mais sinon je ne me dis pas j’ai envie d’être Marie Portolano ou Anne-Laure Bonnet. Être sur les terrains de Ligue des Champions cela serait génial mais être Anne-Laure Bonnet cela ne fait pas partie de mes rêves.

En tant que journaliste sportif, on peut vraiment rester neutre et ne pas être chauvin ?

Oui c’est sûr. Après on a tous des affinités et je ne me cache pas de dire que ce que j’aime en priorité dans cette équipe de France, c’est Didier Deschamps et Guy Stefan. En effet, je pense que c’est un duo extrêmement compétent et qui a déjà prouvé. Didier Deschamps c’est le symbole de la réussite française quoiqu’on en dise. En tant que joueur, c’était le symbole de la gagne et en tant qu’entraîneur il a fait de belles choses également. Aujourd’hui, je pars du principe que j’ai 33 ans, que je ne suis plus une gamine, et que je n’ai pas ce côté supporter. Je respecte les supporters de tous âges mais pour moi, être supporter, cela me ramène à l’enfance. Je ne suis pas « Cocorico », loin de là. J’espère que la France va briller car c’est une bonne chose pour nous, les médias, mais si la France n’est pas au niveau, on le dira de façon objective.

Tu parlais de pouvoir suivre un sportif une semaine mais si tu n’avais qu’une heure, quel sportif rêverais-tu d’interviewer ?

Chris Waddle ! Quand j’étais petite, j’avais 2 joueurs que j’adorais particulièrement, c’était Christophe Dugarry et Chris Waddle. Dugarry, j’ai la chance de le connaître donc forcément lorsque tu es jeune et que tu es fan de quelqu’un, c’est toujours un plaisir de pouvoir le rencontrer et surtout de pouvoir le connaître. Concernant Chris Waddle, cela fait des années que je lui cours après et on s’est loupé plein de fois. J’espère vraiment un jour pouvoir le rencontrer car c’est un joueur qui m’a fait rêver petite et c’est aussi une certaine idée du foot et bien sûr une autre époque. Si je pouvais passer ne serait-ce qu’une heure avec lui, cela serait juste génial.

Et quelle question voudrais-tu lui poser si tu en avais qu’une ?

Je l’écouterais. J’aimerais qu’il me raconte ses années à l’OM, son arrivée à l’OM, comment il a vécu les années Tapie, son histoire d’amour entre les supporters et lui. Car il était adulé par les supporters marseillais mais également partout en France. J’ai un ami, fan du PSG, qui adorait Waddle. C’était un joueur fantasque, fabuleux, qui alliait la technique, les beaux gestes, qui avait le sens du spectacle mais qui était connecté avec le public. N’importe quel amoureux du foot n’a pu qu’apprécier Chris Waddle s’il a eu la chance de le connaître.

As-tu l’ambition de t’éloigner du journalisme sportif pour aller explorer l’information pure ou du divertissement comme par exemple l’ont fait Gilardi, Estelle Denis ou Thomas Thouroude ?

Oui pourquoi pas ! Il y a quelques années, j’aurais dit non à cette question mais j’ai un peu évolué. J’adore le foot, c’est ma passion, mais il y a beaucoup de dérives et il y a un climat qui est de plus en plus anxiogène malheureusement. Donc changer d’air, cela peut être une respiration et faire beaucoup de bien.

Malgré tout, la plupart se sont cassé les dents. L’herbe est forcément plus verte ailleurs ?

Non bien sûr, cela n’est pas quelque chose d’évident surtout en France car on est souvent mis dans des cases et on a du mal à en sortir. C’est aux décideurs de tenter l’aventure car on reste les choix de X ou Y.

On parle toujours des plans de carrière des footballeurs mais Carine Galli, elle en a un ?

Que cela continue surtout. J’ai envie d’aller plus vers les entretiens comme je le disais plus haut. Et que je continue à réaliser mes rêves grâces à divers médias : presse, télé…que je sois à la fois présentatrice, en tant que personne qui débat autour d’une table. J’aime le fait d’être dans des rôles différents et surtout de ne pas me limiter à une seule tâche.

A la rentrée, on verra Carine Galli sur les mêmes chaînes ?

Je ne sais pas mais je l’espère. Aux dernières nouvelles, mes boss de la Chaîne l’Equipe et de W9 sont contents de moi donc je pense que ça va continuer…en tout cas, on croise les doigts !

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