L’homme DJ Bens

musique Interview

L’homme DJ Bens

Chez Apollomagazine.fr, nous avons l'ambition d'aller au plus près des personnalités et de comprendre un peu mieux à qui nous avons à faire humainement. Ainsi, nous allons nous intéresser tour à tour à l'Homme ou à la Femme interwievé.

Né à Marseillan, grand fan de musique, il passe de DJ d’un camping au Cap d’Agde à DJ qui remplit toutes les boîtes provinciales françaises et qui est demandé dans les clubs du monde entier en à peine une décennie. Spécialisé dans le hip-hop, il est en phase avec la génération actuelle et accompagne sur scène les plus grands rappeurs de l’Hexagone. Aujourd’hui, il a décidé de montrer au microcosme de la nuit parisienne qu’il n’est pas numéro Un partout ailleurs pour rien et s’est offert le luxe de remplir pour une soirée le mythique Olympia  le 11 novembre dernier. Une réussite totale qui a donné envie à Apollomagazine.fr de s’intéresser à « L’HOMME DJ BENS » !

– DJ Bens, avant de nous attaquer à l’Homme, parlons de l’enfant. Quel genre d’enfance avez-vous eu ?

J’ai eu une enfance très heureuse ! Mes parents étaient peu présents car ils travaillaient beaucoup mais avec mon frère et ma soeur, on a tous grandi dans la joie et la bonne humeur.

– Avez-vous toujours eu un rapport particulier à la musique ?

Je me suis intéressé à la musique assez tôt. J’étais un enfant assez timide car j’avais un peu d’embonpoint, je portais des lunettes et clairement je n’avais pas confiance en moi. Et lorsque je me retrouvais dans des boums, rapidement je me désignais pour m’occuper de la musique et donc évitais de devoir inviter une fille à danser. C’était une façon d’exister mais également de se cacher aussi.

Grâce au vol du lecteur CD de salon de mes parents, d’une petite table de mixage que j’avais acheté et mon baladeur Sony à clapet, j’essayais d’enchaîner les morceaux sans coupures. Je n’avais aucune idée du rôle de Disc Jockey alors que finalement c’était un vrai métier. Je n’avais aucune prédestination pour le domaine musical et on peut donc dire que c’est ma timidité qui est à l’origine de ce que je fais et de ce que je suis aujourd’hui !

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– La scène avec Cut Killer qui mixe dans sa chambre les fenêtres ouvertes dans le film « La Haine » de Mathieu Kassovitz serait à l’origine de votre vocation de DJ. Est-ce vrai ?

Effectivement ! A la même période que mes mixes en boums (rires), le film « La Haine » sort et c’est la première fois que je vois un DJ faire du scratch…là, je prends une grosse claque. DJ Snake te dira la même chose que moi sur ce film, qui s’est avéré fondateur pour beaucoup de DJ’s actuels.

A ce moment là, je me prends de passion pour Cut Killer et je me renseigne sur lui et sa vie. J’écoute ses mixtapes, je vois qu’il fait des soirées avec Jamel Debbouze, la grosse star de l’humour à l’époque et je me dis que je veux faire comme lui.

– Comment te forges-tu ta culture musicale ?

Je télécharge très illégalement sur Kazaa, LimeWire, eMule mais cela ne m’empêche pas d’écouter les vinyles de mes parents. Ils n’en n’avaient pas une grosse collection mais il y avait du Janis Joplin, du Bob Marley, du Michael Jackson,…Et puis ayant grandi dans une maison, j’avais le droit d’un côté aux disques d’ACDC passés par mon frère et de l’autre côté, les disques de Lauryn Hill de ma soeur. En tant que petit dernier de la famille, j’ai été bercé par tous les types de musique et sans trop savoir pourquoi, je commence à développer une passion pour la musique urbaine. J’écoute alors IAM, NTM, MC Solaar, la FF, Sniper, Nèg’ Marrons,…et je trouve que le rap est une belle musique. Avec des revendications, mais pas seulement car on trouve des raps qui revendiquent, des raps qui racontent des histoires, des raps humoristiques,…

Débutant en club, je veux mixer de la musique urbaine mais à cette époque, ce n’est pas du tout tendance et ce genre de musique est très mal perçu. L’électro, avec notamment le mouvement de la tecktonik, est en vogue et il est hors de question d’accueillir un DJ en casquette.

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– Quel est le premier souvenir qui vous vient de vous derrière des platines ?

Je pense que c’est dans cette boîte de camping où je suis resté pendant deux saisons, à savoir deux fois trois mois. J’étais là sept jours sur sept de 23h à 7h du matin donc je me suis dit qu’il fallait que je mette ce temps à profit pour me perfectionner. Je suis complètement autodidacte et je touche tous les boutons pour savoir à quoi ils servent…et parfois même en soirée. Et peu à peu, je comprends comment construire un set et une histoire.

– Cut Killer, Goldfingers et Daddy K sont des stars des années 90 et des mentors pour vous. Pouvez-vous nous parler de votre rencontre avec eux et de leur rôle dans votre carrière ?

La plus belle histoire, c’est celle avec Cut Killer qui était mon idole. J’ai toujours été snobé par les DJ’s parisiens car je venais de Province et l’on me prenait plutôt pour un « DJ de kermesse ». Et alors que je commençais à être demandé un peu partout en France, Cut Killer a dit sur ses réseaux : « Quand vous ferez un quart des dates qu’il fait, vous viendrez parler avec moi ». Il prend ma défense sans que je le connaisse et un jour, j’apprends qu’il descend sur Montpellier pour une soirée. Etudiant à Montpellier, je lui dis que j’aimerais trop le rencontrer et il me dit, avec plaisir.

Je vais à la soirée, je le regarde mixer, je suis les yeux plein d’étoiles de voir mon idole et à 3heures du matin, je me retrouve à manger un kebab avec Cut Killer sur une Place de la Comédie vide. C’est un moment complètement dingue où l’on refait le monde et où il me dit de ne pas écouter les haters, de passer outre les critiques des DJ’s parisiens et comment il en est arrivé là…Cela va durer 4 heures. C’était lunaire !

– Cela fait à peu près 10 ans que le succès ne désemplit pas avec des dates et des tournées en club dans le monde entier. Comment vivez-vous celui-ci ?

Je le vis bien car je l’ai vécu proportionnellement ! Je n’ai pas fait de choses qui te mettent en pleine lumière tout d’un coup, comme la télé-réalité par exemple, et qui peuvent faire que tu vis mal les choses. Cela fait des années que je me prépare et c’est monté crescendo. D’abord le Cap d’Agde, puis Montpellier, Nîmes, Carcassonne, Narbonne, Toulouse, puis c’est monté un peu vers Clermont-Ferrand, Lyon,…en gros tout le sud, puis toute la France sauf Paris !

Et même à l’étranger, j’ai fait les plus gros clubs de Thaïlande, Hong-Kong, la Roumanie, Dubaï de nombreuses fois,…

– Avez-vous un « lifestyle » hyper healthy afin de pouvoir suivre un tel rythme ?

Alors déjà il faut savoir que je ne bois pas une goutte d’alcool, ne serait-ce que dans ma vie privée ! De plus, je ne fume pas et bien entendu, je ne me drogue pas et enfin j’essaie de dormir le plus possible même si ce n’est pas toujours évident.

L’alcool est un gros fléau dans mon métier et vu que je sais être d’une nature addictive et très extrême, je ne prends même pas une coupe de Champagne car je sais que derrière, cela peut-être l’escalade. Clairement, l’alcool et la drogue ont détruits des carrières.

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– Les années 90 ont connu le début du hip-hop et donc les stars qui vont avec. Est-ce que les années 2010 et 2020 ne sont pas celles où le hip-hop et notamment le rap ont pris le pouvoir sur les autres styles musicaux, notamment en France ?

Si complètement ! La musique se comporte comme la mode avec un renouvellement permanent. En ce moment, la musique urbaine est très forte et à terme, elle va évoluer avec des rythmes plus électro et mélangée avec des textes de rap. Dernièrement, Orelsan a fait un « featuring » avec Angèle sur un beat très électro. Pour ma part, cela me convient car c’est de la musique de fête avec un rythme pour pouvoir sauter et des paroles françaises pour pouvoir chanter.

– Vous avez évoqué une certaine forme de snobisme de la part des clubs et des Dj parisiens. Néanmoins, est-ce que conquérir Paris reste un objectif pour vous ?

Je suis très revanchard donc c’est certain ! J’ai très mal vécu le fait de me produire dans toutes les villes de France, dans les plus grandes capitales européennes et même mondiales mais de ne pas pouvoir jouer dans la capitale de mon propre pays. Lorsque j’ai rempli le Zénith de Montpellier en avril 2022, pas mal de clubs parisiens se sont manifestés et m’ont proposé de me faire venir. Immédiatement, je me suis dis que je n’allais pas faire bénéficier un organisateur de soirée à Paris de l’engouement que j’avais pu créer avec ce concert. Et c’est là où je me suis dit, je veux faire l’Olympia avec mon nom avec les lettres rouges !

– Y a-t-il une carrière de DJ à la renommée mondiale qui vous inspire ?

Il y a un DJ américain qui s’appelle DJ Khaled et qui est un « entertainer » ! Je l’ai vu en soirée, il ne sait pas mixer et il a même un DJ qui mixe à sa place. Il ne fait que du micro mais il fait des « featuring » avec les plus grandes stars mondiales comme Drake par exemple.

Ce n’est pas trop la culture en France où les artistes sont parfois un peu frileux de faire des titres avec des DJ…alors que l’on peut porter le titre en club !

– Voici l’homme que vous êtes jusqu’à aujourd’hui. Quel est l’homme que DJ Bens voudrait être dans le futur ?

Dans un futur proche, je me vois faire une tournée de concerts. Partir avec un tourbus, mon équipe, mes lights, mon son, cela me fait vibrer et cela serait la prochaine étape !

– Merci DJ Bens

Merci à vous Apollomagazine.fr

Interview menée par Pic della Mirandola

Crédit photos : Alexandre Riche

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