Le mois d'octobre est un mois que l'on pourrait qualifier de transition, tout comme l'automne se présente comme une demi-saison. Mais à Paris, c'est le mois incontournable pour se faire plaisir sur le plan culturel avec de nombreuses expositions à découvrir. Et 2023 ne déroge pas à la règle !
Les expositions à voir absolument ce mois d’octobre 2023 à Paris
« Jamais de la vie, je n’habiterais à Paris », « Vivre à Paris est un enfer », « Quelle idée de vivre à Paris »,…voilà quelques phrases types que vous pouvez entendre lorsque vous essayez de convaincre quelqu’un que de faire de Paris, son foyer, n’est pas forcément une mauvaise chose. Et clairement, il est difficile de se sortir de ce débat par la grande porte. A moins que vous n’utilisiez l’argument-massue que voici : » Paris est la plus belle ville du monde lorsque l’on profite de tous ses atouts culturels ! « . Ainsi, payer un loyer exorbitant pour une surface ridicule, respirer un air qui a oublié d’être pur, profiter des travaux signés « Hidalgo » et s’apprêter à affronter le monde entier lors des JO 2024, ne peut se comprendre que par amour de la culture. Chez Apollo & Artemis, on a choisi d’aimer Paris pour la culture et nous allons vous présenter les expositions à ne rater sous aucun prétexte en octobre 2023.
« Amédéo Modigliani. Un peintre et son marchand » au Musée de l’Orangerie du 20 septembre 2023 au 15 janvier 2024
Il y a des noms qui raisonnent plus que d’autres lorsqu’on les entend…et c’est le cas de Modigliani ! Ces noms nous disent quelque chose mais parfois on ne sait pas vraiment quelle est cette chose. Bien entendu, Modigliani nous évoque rapidement des visages et des formes particulières se dessinant dans notre imaginaire artistique mais on n’est pas encore tout à fait sûr de bien savoir qui est cet Amédéo qui se prénomme devant Modigliani. Et heureusement, on peut toujours compter sur un musée parisien plus particulièrement sur le Musée de l’Orangerie pour nous en apprendre plus sur un artiste post-impressionniste.
Ainsi, l’exposition « Amédéo Modigliani. Un peintre et son marchand » propose de revenir sur l’un des moments emblématiques de la vie de l’artiste, celui où Paul Guillaume devient son marchand. On apprend que cette relation était tout autant sulfureuse que l’était Modigliani mais que c’était surtout l’une des relations artistiques les plus fructueuses du début du siècle dernier, nouée entre l’un des plus célèbres artistes du Paris bohème des années 1910 et le redoutable collectionneur d’art moderne.
Dès leur rencontre en 1914, le marchand doit pourtant s’improviser ange gardien en prenant sous son aile ce peintre maudit abîmé par l’alcool et la drogue, noyant son mal-être et son infortune dans des liaisons orageuses. Malgré cette ombre au tableau, Paul Guillaume y croit et dépeint Modigliani comme « une âme mystérieusement douée pour les choses sensibles et aventureuses« . Plus d’une centaine de toiles ainsi qu’une cinquantaine de dessins et une dizaine de sculptures passeront finalement entre ses mains jusqu’à la disparition tragique et prématurée de son artiste fétiche emporté par la maladie à l’âge de 35 ans.
Notre avis : La vie et l’oeuvre de Modigliani sont étroitement liés à Paris et cette exposition est là pour nous le rappeler. Associé à Montparnasse, il a également beaucoup fréquenté Montmartre. Ainsi, Modigliani a fait de nombreuses rencontres significatives lors de ses tribulations parisiennes. Outre les grands noms, pêle-mêle, de Max Jacob, Guillaume Apollinaire ou encore Maurice Utrillo, le peintre a également fait la rencontre d’un certain Paul Guillaume, marchand d’art émérite et galeriste à Montmartre. A travers cette relation, on peut saisir l’importance que celui-ci a eu sur la vie et l’oeuvre de Modigliani mais également l’émulation artistique qui existait à cette époque entre les artistes et leurs marchands. Entre les portraits de son mécène, plusieurs sculptures, des nues féminin qui firent scandales à l’époque mais surtout une très belle scénographie, on vous encourage à venir vite découvrir les oeuvres issues de cette période de créativité assez importante pour Amédéo Modigliani.
« Azzedine Alaïa, couturier collectionneur » au Palais Galliera du 27 septembre 2023 au 21 janvier 2024
Dix ans après la grande rétrospective consacrée au couturier au Palais Galliera, Azzedine Alaïa (1935-2017) est de nouveau mis en lumière à travers une exposition qui présente, pour la première fois, sa collection patrimoniale exceptionnelle qu’il a réunie au fil du temps. Azzedine Alaiïa a réuni plus de 20 000 pièces témoins de l’art de ses prédécesseurs, depuis la naissance de la haute couture à la fin du XIXe siècle jusqu’à certains de ses contemporains.
Le couturier Azzedine Alaïa était un remarquable collectionneur. Il débute sa collection en 1968, à la fermeture de la maison Balenciaga dont il récupère de précieuses pièces. Captivé par l’étude des créations haute couture du maître espagnol, il développe, dès lors, une passion pour l’histoire de sa propre discipline. Il est ainsi le plus grand collectionneur de pièces de couturiers parmi les plus prestigieux : Jeanne Lanvin, Jean Patou, Madame Grès, Paul Poiret, Gabrielle Chanel, Elsa Schiaparelli ou encore Christian Dior…
Notre avis : La mode a une histoire relativement récente si l’on compare à d’autres arts mais que celle-ci est intéressante et riche ! Si l’exposition s’intitule « Azzedine Alaïa, couturier et collectionneur », ne vous attendez pas à voir des oeuvres du couturier tunisien car c’est bien d’une passion voire d’une histoire d’amour à laquelle vous allez être confrontés : celle entre un couturier et ses congénères du passé, de son présent et de son futur. 140 pièces d’exception issues de sa collection personnelle ponctuent le parcours de cette exposition totalement inédite, sa collection n’ayant jamais été dévoilée au public auparavant. Nous avons été complètement happés et subjugués par la beauté de ces créations venant de différents couturiers et de différentes époques. Si aujourd’hui, la plupart de ces noms de créateurs sont devenus des marques de mode mondialement connus grâce à la patte talentueuse de businessman comme Bernard Arnault ou François Pinault, il ne faut pas oublier qu’avant LVMH ou Kering, il y avait Cristobal, Jeanne, Paul, Elsa ou encore Christian. Et pour cela, Azzedine apparaît comme un pense-bête !
« Louis Janmot : Le Poème de l’âme » au Musée d’Orsay du 12 septembre 2023 au 07 janvier 2024
Commencé à Rome en 1835 et poursuivi jusqu’en 1881, Le Poème de l’âme est la grande œuvre de l’artiste lyonnais Louis Janmot (1814-1892), à la fois picturale et littéraire. Il illustre en 34 compositions accompagnées d’un long poème le parcours initiatique d’une âme sur la Terre. Formé de deux cycles respectivement composés de 18 peintures et de 16 grands dessins, il fut qualifié par Henri Focillon, directeur du musée des Beaux-Arts de Lyon de 1913 à 1924, « d’ensemble le plus remarquable, le plus cohérent et le plus étrange du spiritualisme romantique ».
L’exposition replace Le Poème de l’âme et son auteur à la croisée de références et de courants aussi bien littéraires, religieux et philosophiques qu’artistiques. L’exposition fera découvrir cette œuvre, formée de deux cycles, dans son intégralité. Le premier cycle, achevé en 1854, raconte les premières années au Ciel et sur la Terre d’une âme, représentée sous les traits d’un jeune garçon. Achevé en 1881, le second cycle raconte comment le garçon, désormais seul, est confronté aux tentations et aux malheurs de l’âme humaine. Un poème de 2814 vers, écrit par Janmot et intitulé « L’Âme », accompagne les œuvres et leur est indissociable.
Notre avis : Si nous assumons notre méconnaissance pointue de l’oeuvre de Modigliani, que dire de celle de Louis Janmot. En effet, le peintre lyonnais, élève d’Ingres et admirateur de Delacroix, est à la croisée de plusieurs courants artistiques du XIXe siècle et nous était complètement inconnu. Néanmoins, nous sommes enchantés de l’avoir découvert et avons beaucoup apprécié son concept, à savoir mêler poésie et peinture. Pas notre peintre favori, clairement, mais une belle découverte. Enrichir sa connaissance de l’art est déjà un point suffisant pour nous déplacer à une exposition et nous espérons que votre curiosité vous fera vous déplacer du côté du Musée d’Orsay !
Article : Pic Della Mirandola
Photos : « L »
