Apollo était le Dieu grec des Arts, du chant, de la musique, de la beauté masculine, de la poésie et de la lumière. Ainsi quoi de mieux qu'interroger les artistes français pour savoir s'ils possèdent certains attributs d'Apollo.
L’Apollo « Rizwan Kassim »
Notre Apollo du jour a 42 ans, est entrepreneur, a décidé de laisser derrière lui Paris mais aussi le monde de la franchise notamment dans la « fast fashion » pour s’établir et réussir à Dubaï. On vous voit venir mais pas question de parler d’influence même si celui-ci est aujourd’hui une référence dans son domaine, la restauration et l’hospitality. Son nom est : RIZWAN KASSIM ET IL EST FONDATEUR ET DIRECTEUR DU RIKAS HOSPITALITY GROUP !
– Rizwan, est-ce que l’entrepreneuriat coule dans vos veines depuis tout petit ?
Rizwan Kassim : Ma mère était dans l’univers pétrolier où elle gérait des stations services dans le 93 alors que mon père était salarié dans la fonction publique. Donc on peut dire que j’ai vu ma mère être sa propre patronne et cela m’a donné envie très jeune de suivre ses pas. L’été, j’allais servir les voitures à la pompe en espérant obtenir un petit pourboire.
– Et quelles sont les qualités que vous retrouviez chez votre maman ?
R.K : La niaque ! Mes parents sont des indiens de Madagascar qui sont arrivés en France en 1978. A la différence de beaucoup d’expatriés qui sont retournés dans leur pays d’origine que cela soit en Afrique du Nord ou encore au Portugal, eux étaient très attachés à leur situation en France et notamment à leur travail. Et plus que l’envie de réussir, c’était le désir d’avoir une stabilité !
– Comment vous êtes-vous orienté vers la restauration et l’hospitality ?
R.K : Il faut savoir que je suis rentré d’une manière passive en tant qu’associé à la Cantine du Faubourg en 2004 à l’âge de 24 ans. J’ai suivi le travail du fondateur et de sa femme, Pierre Pirajean et Elena, pendant six ans que cela soit à Paris ou même dans leurs établissements de Marrakech. Puis, alors que je n’avais jamais trop voyagé, j’ai décidé de partir deux mois et de découvrir New-York, Singapour, Hong-Kong et Dubaï. C’est, à cette occasion, que j’ai eu cette volonté de me lancer dans ce domaine.
Je ne voyais plus de perspectives intéressantes en France notamment dans les franchises mais aussi dans la restauration avec notamment l’arrêt de la cigarette en intérieur. C’était bien avant 2016 et l’arrivée de groupes comme Paris Society ou Moma qui ont donné un nouveau souffle à l’univers de la restauration.
– Et donc pourquoi Dubaï, plus que New-York ou Singapour ?
R.K : A cette époque, j’avais encore des activités à Paris donc le fait qu’il n’y ait que deux heures de décalage horaire et six heures de vol était idéal pour être toujours réactif. Avec ma femme et ma petite-fille d’un an, c’était le moment de vivre une aventure à l’étranger. Le choc culturel américain ou asiatique aurait été plus intense qu’à Dubaï où il y a 90 % d’expatriés. De plus, il y avait d’autres paramètres comme la météo clémente ou la sécurité qui ont fait de Dubaï une évidence.
– Est-ce difficile de s’imposer à Dubaï dans le secteur de la restauration ?
R.K : Lorsque je suis arrivé, c’était très difficile car il fallait un sponsor et que le développement du secteur n’était pas une priorité donc peu de propriétaires louaient leurs locaux. Aujourd’hui, on va dire que c’est difficile pour d’autres raisons. En effet, il y a 50-60 établissements qui ont ouverts sur la période et l’on voit arriver des opérateurs très organisés et avec beaucoup de moyens. La concurrence est rude !
– Quels sont les points forts des établissements du RIKAS HOSPITALITY GROUP ?
R.K : A part la Cantine, on a créé nos propres marques et concepts. On est très apprécié pour nos idées de concepts et également pour le design de nos lieux. Après, il faut savoir que la scène culinaire dubaïote est très forte et que la force de proposition dans l’assiette doit être à la hauteur. Beaucoup d’endroits parisiens connaissent le succès grâce à un lieu et à une ambiance. Ici, c’est impossible car la clientèle locale est excessivement exigeante et donc il faut que cela soit très bon et très bien servi.
– D’où leur vient cette exigence ?
R.K : De leur ouverture sur le monde notamment à travers les voyages ! Beaucoup d’émiratis connaissent la culture japonaise ou encore américaine car, pour beaucoup, ils y ont fait leurs études. De plus, ils avaient besoin de voir ailleurs pour développer leur pays et leur culture.
– Pourquoi avoir développé plusieurs concepts ?
R.K : Dubaï ne peut pas accueillir deux fois le même concept dans la même ville. Ainsi, après la Cantine, on a développé d’autres marques et aujourd’hui, on a un portefeuille de douze établissements. Cela va de la street food japonaise à la restauration portugaise en passant par les beach clubs grecs ou espagnols. Et ce n’est pas terminé car d’ici la fin de l’année, on devrait ouvrir six nouveaux lieux.
Actuellement, on est établi et réputé sur le segment haut de gamme à Dubaï mais on regarde ailleurs. Ainsi, l’année dernière, on a posé les valises de la Cantine à Mykonos et désormais on cherche à s’émanciper du Moyen-Orient. Pas forcément par rendement économique, car clairement il y a beaucoup d’avantages dans cette région du globe, mais plutôt pour asseoir une plus grande notoriété et une plus belle image.
– Est-ce qu’un retour à Paris est un objectif ?
R.K : On s’intéresse fortement à cette ville ! Après, en tant que parisien, c’est plus par égo que je souhaiterais revenir plutôt que par pertinence. Néanmoins, on met l’aspect émotionnel de côté et on cherche le projet adéquat.
– Comment expliquez-vous le succès de la restauration festive à Paris ?
R.K : Il faut savoir que dès 2001/2002, à la Cantine du Faubourg, au Barfly ou encore au Buddha Bar, cela existait déjà. Aujourd’hui, tous les lieux qui souhaitent fonctionner doivent mélanger l’assiette et la boisson. Et pour mélanger les deux, il faut proposer une ambiance festive. Le monde du corporate et du business comprend moins le clubbing que la restauration festive.
– Quel est l’Apollo de la restauration haut de gamme selon vous ?
R.K : Je pense à la famille Waney qui a développé Zuma, la Petite Maison de Nicole Rubi et qui a racheté Coya. Ils ont donc acheté et développé de beaux concepts et en ont fait des succès à l’international.
Et pour aller sur une réussite française, je vais évoquer Sébastien Bazin Président-Directeur général du Groupe Accor. notamment par son parcours diversifié. Que cela soit par sa présence sur le devant de la scène avec le PSG et Colony Capital ou sur ce qu’il réalise avec Accor et notamment avec la branche Lifestyle & Luxe, je trouve que c’est une personne visionnaire et inspirante.
– Merci Rizwan
R.K : Merci à vous !
Interview menée par Pic della Mirandola