Alix Bénézech, une actrice tout en délicatesse

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Alix Bénézech, une actrice tout en délicatesse

A 28 ans, Alix Bénézech peut déjà se prévaloir d’une belle carrière. Après avoir débuté sur les planches dans Le fantôme de l’opéra, elle a depuis, outre ses autres rôles au théâtre, été à l’affiche de plus d’une quarantaine de courts et de longs-métrages, notamment le blockbuster Mission Impossible 6 Fallout. Entre sincérité et passion, engagement et féminisme, découvrez avec nous les facettes de cette actrice tout en délicatesse…

Ce métier d’actrice, c’est un rêve de petite fille ou c’est une révélation en cours de parcours, par les opportunités qui se sont présentées ?
J’aime bien me dire que ce n’est pas vraiment un métier qu’on choisit, c’est quelque chose qui nous tombe un peu dessus. Au fond de moi, j’avais ce rêve-là, j’en avais très envie mais je n’avais pas conscience que ça pouvait être une réalité, un métier et quelque chose qui pourrait être toute ma vie. Et c’est plus les opportunités et puis la chance surtout, j’ai eu beaucoup de chance, qui ont fait que c’est devenu mon métier. Un peu par hasard, et en même temps pas vraiment par hasard car je crois vraiment aux belles énergies, à l’histoire, à l’inconscient et quelque part, c’était déjà écrit.

Et c’est quoi cette rencontre ou cet évènement clé qui a fait que vous avez arrêté vos études pour vous destiner à ce métier ?
Ca a été une rencontre avec un metteur en scène, Henri Lazarini et avec Benoit Solès, je tiens à le dire parce que c’est un beau cadeau quand un comédien, en audition, est très bienveillant et que la connexion se fait immédiatement et que ça crée une amitié. C’était pour Le fantôme de l’Opéra au théâtre 14, ils cherchaient leur Christine Daaé, ils cherchaient cette orpheline, et c’était un peu particulier car c’était le moment où je suis devenue orpheline de mon père. C’est pour ça que je disais que les choses sont écrites car quelque part, je quittais un papa pour trouver un nouveau papa de théâtre, et de vie. Et Henri, ça a été ça, c’est lui qui m’a vraiment mis le pied à l’étrier, qui m’a offert ce magnifique rôle alors que j’étais complètement inconnue et que la production voulait un nom. Il m’a dit « Je cherchais une actrice qui ait cette chose indéfinissable qui appartient aux actrices des années 50-60 et que je ne trouve plus aujourd’hui. Et quand je t’ai vue, je me suis dit, cette fille est intemporelle, elle a cette grâce », et du coup, c’est comme ça que j’ai été choisie. Et après tout s’est enchainé.

Vous me parliez de la perte de votre papa et de devoir jouer peu de temps après, est-ce qu’on peut expulser quelque chose, trouver un apaisement par rapport à ses tourments quand on est dans la comédie ?
Dans le métier d’acteur, il n’est étrangement jamais question de soi et c’est bizarre parce qu’on a un peu ce cliché de dire que les acteurs sont des personnes égocentriques mais en fait on est des passeurs et il est plutôt question des autres, c’est-à-dire de ceux qui vont venir voir le spectacle ou regarder le film et il y a comme ça une sorte de transmission et de don. Donc quand j’étais sur scène pour parler du deuil, ça me permettait à moi d’apaiser mon deuil personnel mais aussi de raconter quelque chose qui pouvait parler à tous ceux qui vivent ça.

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Comment un comédien trouve son inspiration pour jouer un personnage ou un autre ? On la prend dans son imaginaire ou sur des modèles qu’on a rencontrés, on les invente, on les imagine, on les rêve ?
J’aime bien que vous disiez ça parce que j’aime à dire que je rêve mes personnages, mais vraiment concrètement, j’ai des rêves qui sont des films, je devrais d’ailleurs les écrire, ils sont très très très vivants ! Déjà je voulais être auteur, j’étais passionnée de littérature et je le suis toujours donc j’aime bien développer mon imaginaire. Après, évidemment, si on ne s’exprime pas à travers un personnage, si on ne parle pas de soi, ça va rester une idée de personnage donc c’est important de savoir ce qu’on a à dire à travers lui et d’avoir quelque chose de très intime et de très intuitif. C’est une sorte de subtil équilibre entre cette impudeur et une inspiration qui nous dépasse, quelque chose qui est plus grand que soi. Alors moi je le trouve avec la musique ou avec la littérature, après les autres comédiens, je ne sais pas, c’est leur cuisine ! Quand je vais travailler un personnage, des choses que j’ai complètement oubliées vont revenir, des souvenirs que j’avais voulu enfouir au fond de moi et tout d’un coup qui ressortent de manière très intense. Et puis, tout ce qui me dépasse parce qu’il y a des personnages qui sont tellement éloignés de soi ou des métiers qu’on ne connait pas et c’est là qu’on s’intéresse à l’autre. J’essaie de m’immerger complètement et de comprendre – je pense à Mission Impossible – de comprendre ce que c’est que d’être une jeune policière, ce que c’est concrètement de vivre ça.

Ça doit être intéressant et passionnant de pouvoir vivre plusieurs vies à la fois…
C’est exactement ça, on dit que les chats ont 9 vies, nous, on en a 1 000 !

Est-ce que pour vous la célébrité, c’est un but ou plutôt un handicap ? Est-ce important quand on est une comédienne ? Ou cette question-là, vous ne vous la posez pas ?
Ça ne l’a jamais été en fait. Je suis naturellement assez timide, ce métier m’a aidée à être plus extravertie, mais c’est quelque chose que je fuis, c’est très étonnant parce qu’évidemment c’est important et j’apprends avec les personnes qui m’ont aidée dans mon parcours. Ça m’est tombé dessus avec Mission Impossible aussi, tout d’un coup, alors que je considérais que ce n’était qu’une scène, qu’un petit rôle dans un grand blockbuster, mais comme j’étais la seule française, ça a été une énorme exposition à laquelle je n’étais pas préparée. Après j’en suis très contente et ça me permet de travailler tout simplement. C’est une industrie, il ne faut pas l’oublier, plus on est célèbre, plus on a de chances de pouvoir travailler avec de grands metteurs en scène, plus on va nous confier des rôles importants. Mais c’est vrai que j’ai une âme écrivaine, donc bien sûr j’aimerais pouvoir être chez moi, cachée, à travailler mes personnages…

Justement, y-a-t-il un personnage que vous auriez aimé incarner au cinéma ? Quel serait votre rôle de rêve ?
J’aimerais bien incarner un agent secret femme, après est-ce que ce serait actuelle, futuriste ou une Mata-Hari, je ne sais pas comment ça pourrait se matérialiser. Christopher Mcquarrie (ndlr : réalisateur de Mission Impossible) a beaucoup travaillé comme détective donc on a beaucoup échangé là-dessus et c’est un monde qui me fascine.

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Entre 2 planches ou 2 tournages, comment occupez-vous votre temps pour vous ressourcer ?
Je suis assez sportive donc c’est une partie de ma vie. Je vais aussi au cinéma, je suis très cinéphile donc je vais voir vrai-ment beaucoup de films. J’aime également aller au musée ou me promener dans la nature, donc je pars souvent les week-ends en Normandie ou bien en Angleterre, j’ai une petite ville dont je suis tombée amoureuse, qui s’appelle Bath, que j’ai découverte parce que j’ai joué la pièce Les Rivaux qui se passe là-bas. J’aime beaucoup y aller, Jane Austen y a écrit, c’est une ville très intéressante car il y a à la fois l’empreinte de l’Antiquité, avec des thermes romains qu’on peut visiter, mais aussi toute l’architecture géorgienne de l’époque de Sheridan. Il y a ces 2 architectures qui se côtoient, c’est très beau, et puis c’est une petite ville qui est au milieu de la nature donc dès qu’on sort à 20 min, il y a la forêt, c’est magique, magnifique et en temps de Noël, c’est vraiment la ville que je conseille !

Quand on vous écoute, on sent cette âme de littéraire en vous qui parle, qui se reconnecte à la culture, vous êtes proche de la nature aussi. En général, on le découvre un peu trop tardivement dans une vie et c’est bien que vous y ayez accès déjà à votre âge.
J’ai grandi là-dedans, j’avais un père professeur de lettres classiques donc c’était dans mon ADN ! J’aurais pu m’en éloigner en commençant le métier d’acteur parce qu’on est un peu pris dans un tourbillon et on peut s’éloigner des choses qui sont essentielles mais c’est vrai que ma famille et la nature, ce sont des choses qui me permettent de me ressourcer.

En tant qu’acteur, est-ce qu’il y a une cause qui vous tient à coeur et pour laquelle vous aimeriez prendre la parole et vous engager ?
Il y a la cause de l’écologie, c’est vrai que je suis engagée auprès de la fondation Good Planet de Yann Arthus Bertrand, je vais tourner un film l’année prochaine en Allemagne qui est complètement éco-responsable, son ambition c’est de faire un film sans émission de CO2, c’est un gros enjeu pour le cinéma car c’est une industrie qui fait beaucoup d’efforts sur l’écologie mais qui est encore très polluante. C’est très intéressant de réfléchir à faire du cinéma autrement, c’est quelque chose qui me passionne. Et puis sinon, je suis engagée depuis des années pour la cause des femmes, c’est vraiment mon engagement principal, j’ai participé à un documentaire qui s’appelle Pygmalionnes qui sort en janvier et j’avais des choses à dire là-dessus. Et j’avais co-réalisé un film sur les violences faites aux femmes qui s’appelle Que justice soit nôtre et je me sens toujours très proche de ces mouvements de femmes.

Quelles seraient pour vous les choses à conquérir ? Qu’est-ce qui vous manque à votre bonheur ?
Pour le moment, je crois que rien ne me manque. Je suis amoureuse, amoureuse de mon métier et amoureuse… voilà quoi (rires), je suis une grande romantique…

On a évidemment beaucoup de lecteurs masculins, donc pour les aider, j’ai envie de vous de demander, pour vous séduire, qu’est ce qui vous fait un peu rêver ou chavirer quand vous faites une rencontre ?
J’aime les hommes courageux, conquérants, j’aime ce qui est à l’opposé de ce que je pourrais être, c’est étonnant parce que je suis féministe dans l’âme mais ce n’est pas incompatible. Je suis une grande amoureuse des hommes et de la masculinité en général, le nouveau féminisme n’est pas opposé aux hommes, c’est un équilibre et une harmonie.

Photographe : Sylvie Castioni
Interview : Richard Voinnet

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