"Culture pour tous", la rubrique d'Apollo Magazine qui vous donne envie de vous cultiver sans jamais vous "barber". Cette semaine, c'est un peintre venu du Danemark qui nous a donné envie d'aller au musée !
Krøyer, le peintre danois « incrøyable »
La rentrée ! Voilà un mot que l’on pensait ne plus revoir ou entendre suite à la fin de notre parcours scolaire. Et pourtant celui-ci est d’actualité chaque année, peu importe le métier, lorsque septembre pointe le bout de son mois.
Pour l’équipe d’Apollo Magazine, rentrée rime avec musée ! De ce fait, en ce dimanche 12 septembre 2021, pas question de se laisser happer par le canapé mais bien d’aller se cultiver. A ce moment là être parisien d’adoption prend tout son sens car il est évident que cette ville peut s’avérer être aussi une épreuve. Se cultiver à Paris, rien de plus simple du moment que l’on soit un tant soit peu curieux et surtout courageux.
Ainsi, après avoir fait le point sur les multiples choses à voir à Paris, je décide, donc sur le champ et accompagné de ma chère et tendre « L », de nous rendre au Musée Marmottan-Monet armée de son appareil photo pour un shooting sur l’exposition « L’Heure Bleue de Peder Severin Krøyer« . Pourquoi lui me direz-vous ? Notre intérêt pour la peinture, certes, mais également la première parisienne de ce peintre Danois en France. Direction donc le 16ème arrondissement de Paris et ce magnifique écrin qu’est le musée Marmottan-Monet.
Après avoir déambulé dans ce haut lieu de l’impressionnisme, avec notamment un focus électrisant sur Berthe Morisot, nous voilà donc en face de la peinture faisant office d’entrée dans l’univers de Peder Severin Krøyer, son portrait réalisé par son collègue Laurits Tuxen. Immédiatement, nous respirons l’air créé par la conjonction des eaux de la mer du Nord et de la Baltique tout en observant le regard alerte de l’artiste cherchant une proie à coucher sur la toile avec sa mallette de peinture à l’épaule et sa blouse sous le bras.
Suite à ce préambule, l’exposition évoque rapidement sa femme, Marie Triepcke, devenue Krøyer. Le double portrait réalisé par Severin de lui-même et sa femme nous donne un aperçu de l’immense beauté de cette dernière, qui ne semblait pas l’ignorer selon les dires d’une amie du couple.
Puis vient l’explication du nom de l’exposition « l’heure bleue » à travers une série de tableaux tous plus beaux les uns que les autres. L’heure bleue est un phénomène météorologique qui précède le crépuscule et qu’on observe surtout sur les rives scandinaves. Ainsi, dans le village de pêcheurs de Skagen, le jour semble ne pas vouloir laisser place à la nuit, dans la presqu’île du Jutland, à l’extrême nord du Danemark, où Krøyer avait un atelier. Au Danemark, Skagen est l’équivalent de notre Barbizon ou de notre Pont-Aven : un lieu devenu célèbre pour la colonie d’artistes qui y a niché.
Hip, Hip, Hurrah ! est une peinture à l'huile sur toile de 1888
La suite de l’exposition nous amène sur l’un des tableaux phares de la carrière de Krøyer, à savoir « Hip, Hip, Hurrah ! ». Dans celui-ci, on assiste à une scène festive où le champagne et la bonne humeur semblent couler à flot. Clairement, celui-ci n’est pas sans nous rappeler la figure de proue des impressionnistes, un certain Renoir, surtout dans la capacité de Krøyer à utiliser les jeux de lumière et à immortaliser ce genre de moment de vie. Mais plus que nous présenter ce magnifique tableau, l’exposition rend compte des petits tableaux réalisés par le peintre danois comme travail préliminaire à sa grande toile. Il prend alors un personnage en particulier et le peint dans une position qui se rapproche du résultat final. On imagine allègrement toute la réflexion de Krøyer ainsi que l’entraînement réalisés en amont de la toile terminée. Krøyer est certes doué, voire très doué, mais il faut rappeler aux visiteurs que les artistes n’ont pas le pinceau facile et instantané.
Portrait de Tove Benzon
Enfin pour terminer, focus sur le talent indéniable de Krøyer pour le portrait. En effet, celui-ci devait parfois mettre de côté son imagination et ses fantasmes devant des sollicitations de personnalités danoises ou grands industriels. Et lorsque l’on voit comment le peintre rend vivant et intense les petites filles blondes comme les blés de ses relations, on peut comprendre que de nombreuses personnes souhaitaient se faire tirer le portrait. La peinture réaliste de Krøyer annonçait elle la photographie ? Un visionnaire qui s’ignorait ?
Alors que l’exposition touche à sa fin, il est de notre devoir de vous encourager à découvrir ce peintre qui rend fier tout le Danemark. Par son talent évidemment mais également par une atmosphère apaisante se dégageant des pièces du musée Marmottan-Monet. Que cela soit par les réunions d’artistes dans cette partie du Danemark, par le dur labeur des pêcheurs, par la beauté des lieux et de ses habitants, Peder Severin Krøyer vaut le coup d’oeil…bleu typique des danois mais surtout de cette fameuse heure !
Ecrit par Dela Mirandola
Credit Photos : « L »