Jérémy Florès, l’Européen

Interview

Jérémy Florès, l’Européen

Pour ceux dont le nom vous serez inconnu, sachez que Jérémy Florès est ce que la France a fait de mieux en matière de surf...mais plus que l'Hexagone, c'est bien le continent Européen que "Jezza" représente au mieux !

Depuis son plus jeune âge, Jérémy Florès fait parler de lui…que cela soit par son talent précoce et exceptionnel mais aussi car il n’est pas originaire d’une terre de surf à proprement parler. En effet, si le jeune « Jezza », comme il était surnommé en Australie, a beaucoup voyagé et a posé ses valises successivement de la Réunion à Madagascar en passant par l’Australie, celui-ci représente la France et plus globalement l’Europe, un Continent qui n’a que rarement brillé sur les vagues du WCT (World Championship Tour). Ainsi, Beside Sport a rencontré le champion et a décidé de l’interviewer sur le lien fort qui l’unie à notre Vieux Continent.

Etant né à la Réunion, ayant vécu à Madagascar, en Australie, en France et partageant la vie d’une Tahitienne, de quelle culture te sens-tu le plus proche ?

De la culture française c’est sûr même si je reste quand même un îlien ! Je suis originaire des îles mais j’ai quand même été éduqué avec la culture française.

Jérémy Florès, l’Européen - Le drapeau français n'est jamais loin de Jérémy lors d'une victoire - Le drapeau français n'est jamais loin de Jérémy lors d'une victoire

Tu concours pour les couleurs françaises et tu as écrit les plus belles heures du surf européen, est-ce un sentiment de fierté ?

Oui complètement parce que c’est une grande fierté d’avoir fait tout ce parcours et ces performances. Notamment car le surf reste encore un milieu très anglo-saxon et donc être un petit français qui fait des résultats comme ça depuis des années, c’est limite gênant pour eux. Clairement c’est une fierté de pouvoir représenter son pays et tout un Continent.

Est-ce difficile d’exister au plus haut niveau lorsque l’on n’est pas Brésilien, Américain ou Australien ?

Oui c’est plus difficile d’y arriver surtout lorsque tu es plus jeune et que tu veux percer. Après, une fois que tu y es, cela reste compliqué car vu que c’est dirigé et jugé par des Anglo-Saxons et des Brésiliens, ça ne joue pas forcément en faveur des autres nations.

On a vu lors de la « Founder’s Cup of Surfing » que l’Europe était encore en retrait. Comment faire en sorte que l’Europe arrive à concurrencer les grandes nations de surf ?

L’Europe le fait déjà, c’est juste que cette Founder’s Cup, ce n’était pas vraiment du sérieux et que cela ressemblait plus à une exhibition. Donc forcément, on l’a pris un peu à la légère. La vraie compétition va commencer au mois de septembre, là ça sera une épreuve du World Tour et donc on sera tous plus sérieux. On verra alors si les Européens arrivent à aller chercher les plus hautes places.

Te sens-tu comme un leader de cette équipe européenne ?

On ne pas vraiment dire leader mais c’est vrai que j’ai beaucoup plus d’expérience que tous les autres européens. Je suis là pour aider, pour montrer la voie, pour lancer des coups de gueule s’il y a besoin pour moi mais également pour les Européens, parce que j’estime que je peux me le permettre après toutes ces années.

« En Australie, le sportif est respecté à mort, ces mecs là, ce sont des héros ! »

Jérémy Florès

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Quelle est pour toi la meilleure école de surf ?

Je pense que la meilleure école de surf, c’est l’école australienne. C’est pour cela que lorsque j’étais jeune, mon sponsor, Quicksilver, a fait en sorte que je passe beaucoup de temps en Australie. Là-bas, tout est fait pour réussir peu importe le sport mais forcément encore plus le surf car c’est un sport national. Dès l’école primaire, le surf fait partie des cours d’EPS donc tu peux en faire tous les jours. Comme ta passion est à portée de main dès le plus jeune âge, c’est plus facile de percer. Des champions olympiques dans d’autres disciplines ou même un gars comme Mick Fanning, ce sont des stars où qu’ils aillent en Australie. L’Australie, c’est le pays du surf !

Quels sont les points forts des Européens par rapport au reste du monde ?

En fait, nous, on a une fierté parce que justement on ne fait pas partie de la majorité. On n’est pas beaucoup mais on essaie d’être très soudé par rapport aux autres qui sont en surnombre. Après pour percer, il faut aller voir ce qu’il se fait à l’étranger, aller en Australie, au Brésil, aux Etats-Unis…C’est à ce moment là que tu te rends compte de l’ampleur qu’a pris le surf ces dernières années. En France, on ne va pas se mentir, le surf est encore vu comme un loisir ou un sport d’été. C’est dommage mais bon la culture est différente !

Y a t-il une solidarité entre les Européens, notamment avec les Portugais où alors ceux-ci sont plus proches des Brésiliens ?

Le surf, cela reste un sport très individuel même si cela dépend des caractères. A une époque, on était 7 européens sur le tour et on était très soudé. Maintenant, le Portugais parle français, moi je parle portugais, on s’entend tous super bien. Néanmoins, c’est vrai que les Portugais traînent beaucoup avec les Brésiliens. Aujourd’hui, le surf a pris un telle ampleur que désormais chaque surfeur voyage avec un entourage de 4-5 personnes. Cela peut aller du kiné au nutritionniste, à l’entraîneur physique, c’est devenu un truc de dingue !

Penses-tu que le surf est sous-médiatisé en Europe et en France ?

En France oui, le surf est sous-médiatisé ! Ici, c’est le pays du foot, on parle beaucoup de rugby, un peu des autres disciplines aussi mais c’est vrai que le surf ce n’est pas pareil. Je pense que les gens ne prennent pas au sérieux un surfeur. C’est dommage car dans les autres pays, ce n’est pas du tout ça. La preuve, j’étais à Rio il n’y a pas longtemps et quand tu vois 40 000 personnes sur la plage et qu’on te dit que Gabriele Medina, le champion du monde brésilien, a été plus médiatisé et plus vu à la télé que Neymar Jr, tu te poses des questions et tu te dis qu’il y a quelque chose qui se passe. En France, on verra si ça arrivera un jour mais je pense que cela passe par le travail des journalistes. A eux de promouvoir le surf et de montrer l’image professionnelle, sportive et extrême de la discipline.

« L'image qu'ont les gens du surfeur, ce sont les conneries comme Brice de Nice »

Jérémy Florès

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Est-ce que justement cela t’embête de ne pas être reconnu à ta juste valeur en France ?

Non pas du tout, j’ai toujours été très fier de représenter les couleurs de la France. Après, franchement, ce n’est pas plus mal car quand je rentre en France, je suis tranquille. La culture française fait aussi que je peux vivre ma vie tranquille. Il n’y a pas de grands délires autour des surfeurs où dès que l’on va dans la rue, c’est l’émeute. L’ambiance autour du surf en France est cool. Après, c’est vrai que cela serait pas mal d’avoir plus de reconnaissance comme dans les autres pays mais on ne peut pas forcer les choses.

Beside Sport - Jérémy Florès, l’Européen - Leonardo Fioravanti, la relève du surf européen ? -

Leonardo Fioravanti, la relève du surf européen ?

Que penses-tu du jeune Leonardo Fioravanti ? Un Italien au plus haut niveau, c’est du jamais vu. Peut-il faire mieux que Jérémy Florès sur le WCT ? 

Pour un Italien, c’est du jamais vu car il n’y jamais eu d’Italien aussi fort ! Je pense que c’est une fierté dans son pays car avoir un Italien qui cartonne autant, ce n’est pas normal en quelque sorte. C’est beau car cela va permettre à beaucoup de personnes de découvrir le surf en Italie. Ensuite, j’espère qu’il va faire mieux que moi, je n’en doute pas car il a du talent et si je peux l’aider, je le ferais.

Jérémy Florès, l’Européen - Johanne Defay, une Jérémy Florès au féminin ? - Johanne Defay, une Jérémy Florès au féminin ?

Chez les femmes, la Française Johanne Defay réalise un magnifique début de carrière. Est-ce une Jérémy Florès au féminin par rapport à son talent précoce et son palmarès ?

Oui Johanne, c’est une machine ! C’est une fille qui a travaillé énormément pour arriver là où elle en est aujourd’hui et notamment sans beaucoup d’aide financière. Maintenant, elle fait partie des meilleures surfeuses du monde et ce qu’elle fait, c’est super. En plus, c’est une fierté car elle vient de la Réunion comme moi. Du coup, à chaque fois, je suis hyper fier quand elle cartonne.

Quelles sont les choses que les autres concurrents du WCT envient aux Européens ?

Je pense que c’est la culture car on a une histoire forte en France et notamment en Europe. Quand les surfeurs étrangers viennent ici pour faire les épreuves, ils hallucinent sur l’histoire, la culture, la gastronomie, les monuments car cela n’existe pas forcément dans leurs pays. Franchement, on vit dans un pays qui a énormément d’atouts et c’est génial !

Certains essaient de parler français un peu ?

Oui, Quelques un essaient ! Franchement, ils aiment tous la France. A chaque fois qu’ils viennent sur le circuit lors de l’épreuve d’Hossegor en octobre, ils adorent passer du temps ici. La preuve, quelque soit le résultat, ils restent alors que dans certains pays, dès qu’ils perdent, le jour-même, ils sont dans l’avion.

Tu es aujourd’hui à Paris, aimes-tu être dans de telles villes ou la mer est trop loin pour toi ?

Oui carrément car j’ai tellement l’habitude d’être proche de la mer et de l’Océan que le fait d’être dans un grande ville, cela change et j’adore ça. Il y a une époque où j’adorais aller dans les villes comme Londres, Paris, New-York. Me balader dans les rues par exemple, ce n’est pas naturel pour moi. Je sais que cela peut faire rire parfois mais j’aime être dans un univers urbain. Et je confirme que la plus belle ville du monde, c’est Paris !

 

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